Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 12:36

ATTENTION, JE VAIS (brièvement) PARLER DU NOUVEAU STAR WARS, ET SPOILER MECHAMMENT 

Le nouveau Star Wars, donc...

Pas aussi dramatiquement nul que 80% de la pré-logie (il y avait quand même 20% de bon dans cette affaire, Aurra Sing, par exemple, ou Kamino). Mais pas non plus aussi génial que la trilogie originelle. Avec toute la subjectivité dont font preuve des personnes qui ont découvert l'originelle à 7/8 ans et ont grandit avec, évidemment.


Commençons pas les points négatifs, histoire de finir sur le positif : 
* Kevin Solo
C'est pas poss', ça, les mecs, vraiment. Ou alors il est crée pour nous sembler entièrement méprisable dans un premier temps, puis évoluer, ce qui me semble être la direction prise (je pense qu'on va se taper la rédemption de Kevin Solo pendant 3 épisodes), dans ce cas c'est réussi parce que ce perso est à gerber. Son look très "postapo-cultisto-chic" est un poiiil trop inspiré de la dernière collection homme H+M (celle avec les faux t-shirts de metal, là, c'est atroce), et trop vu et revu sur tumblr, c'est la version homme du style "coven". Donc d'emblée, il fait "hipster con parmi les nazis classe". 
Quand il commence à piquer une crise, et tout casser avec son sabre laser-tuné-wesh-tavu-ça-fait-plus-badass, on se dit qu'il doit être très jeune, en fait (ce que sa sveltesse et son maintien confirment) donc que c'est bon, c'est pas Luke. Pourquoi les méchants nazis badass respectent une bleusaille pareille, qui ne contrôle rien pas même ses nerfs, mystère...
Puis on voit sa tronche, et v'là l'emo-boy-trop-dark-la-ténébritude, un peu le fils de Rogue, en carrément moins classe. 
Ses skills sont déplorables : un stormtrooper qui vient juste de chopper un sabre laser, sans même être un jedi, tient assez bien contre lui en duel, et une adversaire qui vient littéralement de comprendre que la force était MEGAPUISSANTEDELAMORT en elle, mais n'a jamais eu d'enseignement, le défonce... ok... (à quoi lui sert son putain de sabre de kikoo à part faire des caprices et tuer des gens désarmés ?)

Et une lavette galactique, une ! 
* Le scénar cousu de fil blanc, avec ce qui me semble pour l'instant un poil incohérent, mais qui trouvera peut-être son explication par la suite :
- Rey qui maîtrise la Force, comme une fifolle, comme ça, sans enseignement... bon bon bon
- Pourquoi il y a TOUJOURS un point faible sur ces énormes bases méchantes, c'est beaucoup trop facile
- le scénar suit beaucoup trop celui de "A new hope"
- d'où Finn sait-il comment soigner un wookie ? 
- d'où Rey, et tout le monde, en général, comprend très bien les bidip biiip bloop de BB8 ? Il ne fallait pas la trad d'un droïde protocolaire à l'époque de D2R2 ? Ou alors "droïde chou" est devenu une LV1 obligatoire entre temps ?
* Les batailles spaciales pas top top, et les duels quasiment inexistants vu le niveau de merde des combattants
* Rey est évidemment la fille de Luke (force, sabre, casque, poupée de pilote, entente immédiate avec tata Leia et tonton Han). Et de qui d'autre ? là est toute la question ... ça serait fendard que ça soit avec Leia, mais ils n'auront jamais les balls... et à propos de white trash, vu que EVIDEMMENT ça va causer de la rédemption, en trois actes, de Kevin Solo, et que le gentil Noir a été superbement friendzoné (of course he was), ça va se jouer entre Kevin et Poe, et comme il y a déjà de la tension sayksouelle entre Kevin et sa cousine, je parie sur une descendance joyeusement dégénérée (et Poe et Finn finiraient ensemble, ce qui serait drôle...)

Passons au WTF : 
* les noms... "Poe" et "Finn"... c'est Star Wars ou Ellis Island en 1812 ? 
* en parlant de ça : la guerre des gangs, Brittaniques (CET ACCENT, OMG ! ) contre Japonais... POURQUOI ? (et où sont les Russes ?) 
* Visiblement le FN sera au pouvoir en 2187, on sera tous morts, j'suis deg ! 
* QUE QUELQU'UN CONSTRUISE DES PARAPETS SUR LES PASSERELLES, putain ! pourquoi il n'y a jamais de parapet ? ni en fantasy, ni en SF, jamais de putain de parapet, c'est horrible, à chaque fois je suis recroquevillée sur mon siège, regardant le film entre mes mains
* je suis certaine que le grand méchant est tout petit, en fait, et qu'il compense à mort (who's the little fear demon ?) du coup je n'ai pas pu ne pas penser à Big E macDaddy, aka Space Hitler, aka The Emperor et me demander à quelle échelle il serait par rapport à Stoke. Plus petit je pense, non ? Si on dit qu'un humain moyen fait 1m80, un space marine devrait faire dans les 2m30, un primarque dans les 3m, et Big E dans les 3m50, non ? Clairement, l'hologramme de Stoke fait plus, je pense... Je suis preneuse de vos avis sur la question. 
* on est d'accord, les droïdes jouent le rôle de chiens, dans Star Wars en général ? (le facteur choupitude) 

* le côté très aventure/fantasy, bref, très space opera cheapos comme on aime de la découverte du sabre de Luke (qui faisait penser à un film d'Indiana Jones, un peu, où à une exploration de donjon)

Et finissons avec ce qui est vraiment hyperbath et même superchouette : 
* l'enthousiasme quand la musique arrive, et l'intro défile (bon, ça, c'était acquis d'avance)

* Poe est le nouveau Solo, avec sa répartie cinglante et ses skills de fifou
* Rey est géniale, on retrouve la tradition des héroïnes badass, simples et vraies de Star Wars (je pense à Leia, pas à Amidala, que je n'ai jamais trop pu pifrer), et je ne dis pas ça en tant que femme brune aux yeux marrons (qui deviennent verts quand ils sont humides, comme Rey ! ) svelte et athlétique hein :p (mais bon, on va pas cracher sur la représentation quand elle est là) 
* tiens, du sang dans Star Wars (ceci est une remarque fort pertinante de Jean-Baptiste ! ) 
* Maz est topissime ! son domaine est vraiment chouettos, on retrouve la Cantina et c'est cool
* les plans somptueux autour la carcasse de destroyer
* HAN SOLO, CHEWIE, LEIA, LUKE \o/ 
* excusez-moi, GENERAL fucking ORGANA bitches ! 
* Han et Leia *aaaaw*
* RD2 et C3PO \o/ 
* et oui, je me suis faite avoir comme une Kevina : je trouve BB8 trop chouuuu 
* Le Zeppelinfeld de l'espace, avec discours qui va bien, ET statut qui va bien : énormissime, grandiose, sublime ! (et tout le First Order, en fait), le choix des acteurs, leur façon de gueuler gutturalement qui fait parfois passer l'anglais pour de l'allemand... tout cela est fort appréciable
* les accents brittish, on se croirait dans Game of Thrones ou Downton Abbey ! 
* speaking of which : Captain Phasma ! fuck yeah \o/ 
* toujours speaking of which : Poe est une sorte de Henry Talbot de l'espace 
* le retour aux sources, à savoir : à l'univers celtique et arthurien, avec la fin sur l'île qui criait un truc comme "visit Ireland"


 

Partager cet article
Repost0
25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 21:04

Si à nouveau je laisse courir mes doigts crochus et osseux sur le clavier de ma petite bestiole, ça n'est pas, miracle, que votre serviteur en a fini avec sa dépression chronique et progressive et, en un claquement de doigt, s'est transformé en oeillet du Yamato, non, loin de là. C'est que, me repliant depuis de mois, des années, de plus en plus profondément dans les ténèbres fangeuses de ma bile noire, j'ai fini par toucher le fond et entreprendre vaillamment, avec un nekketsu digne de Seiya face à son 82ème escalier de quelques 200 marches de marbre, de creuser ma tombe. Le moment d'y sauter arrivant, je me suis dit que je ne pouvais décemment pas tirer ma révérence sans aller voir l'adaptation burtonienne des aventures de notre loli préférée d'Alice, je me suis donc précipitée non pas au royaume d'Hadès (qui pourtant est plutôt beau gosse, mais il ne perd rien pour attendre) mais dans le terrier du lapin blanc.

 

Mes attentes n'étaient pas bien hautes, certes, c'est Burton, oui, avec LE sujet onirico-obsessivo-symbolico-perv par excellence, mais c'était surtout produit par Disney... Je m'attendais donc surtout à quelque chose de beau, de léché, d'esthétique. Je n'ai pas été déçue, mais alors pas du tout. Ce film est une splendeur! J'espère ne pas me tromper en affirmant avoir reconnu, lors de la scène mondaine, un manoir du Kent où vécut Jane Austen et que j'avais eu le bonheur de visiter il y a bien longtemps, peut être est-ce parce que le parcourant, je me plaisais à imaginer toutes sortes et créatures et précisément le lapin blanc carollien dans les différents jardins ou je crois que le début et la fin du film ont été tournés. L'IRL est beau, mais que dire de Wonderland! Dès que l'on pénètre dans la forêt, bing, les arbres, signés Burton, petit sourire intérieur, aaah cette végétation qui a elle seule recrée tout l'univers onirique et obsessif propre à l'oeuvre originale! Bon, soyons clairs, la 3D n'apporte pas grand chose, on peut s'en passer. Point de vue architectural, les deux châteaux sont beaucoup trop disneyformes, c'est vraiment dommage, mais le génie de Burton parvient à grands renforts d'éclairages à rendre celui de la Reine Rouge semblable à Minas Morgul, et ça claque! D'ailleurs, son espèce de gros zoziau d'attaque m'a fait illico songer aux montures des Nazguls (le cri surtout), et tant que nous sommes dans les oiseaux, le dodo a vraiment une tronche de chocobo! Esthétiquement parlant, j'ai l'impression que le Seigneur des Anneaux est une source d'inspiration assez constante: outre les deux exemples précédents, la scène où la Reine Rouge prend le pouvoir et chasse la Reine Blanche ressemble assez au sac de la Comtée, surtout à cause de l'atmosphère de fête y régnant auparavant, la Reine Blanche fait assez galadriellienne (en plus tarte), mais bon, une dame blanche, aussi, c'était courru d'avance... mais le top du top est la bataille finale! Le duel Alice vs le Jabberwocky (qui en tient une sacré couche dans le genre nazgulien), la ruine sur laquelle ils montent est mont ventesque en diable, et surtout, une guerrière blonde en armure qui zigouille un gros bestiau noir ailé, ça ne vous dit rien, à vous? Mais QUI irait se plaindre de ces références? A noter que pour cette scène, nous (oui, j'ai des amis, je ne vais pas au cinoche toute seule, tout ça...) avons songé à Hilde de Soul Calibur (surtout qu'à un certain moment, le décor faisait VRAIMENT arène!) et saint Michel terrassant le dragon (le moment du coup fatal est très très très épique!!! superbes images!!!) également (pour ma part, j'aime bien voir des créatures à caractère angélique fondre de haut sur leur proie et les achever d'un gros coup d'épée, mais c'est une obsession personnelle...). Et voilà pour l'esthétique, je vous ai déjà spoilé la moitié du film, je vous laisse découvrir le reste.

 

Passons au jeu d'acteurs. Comme on pouvait s'y attendre, Johnny Depp et Helena Bonham Carter se distinguent clairement du reste. Bon, pour Depp, le rôle de fou pervers charismatique n'est pas vraiment une découverte, mais à chaque fois il invente une nouvelle façon de le jouer, donc chapeau bas, c'est le cas de le dire (par contre, la danse à la fin sent son disney à plein nez « tiens, on va mettre un truc super moderne et super anachronique sans rapport avec rien avec une choré inspirée par je ne sais quel danseur/euse de pop de merde qui va faire fureur sur les cours de récré » c'est assez difficilement supportable). Pour ce qui est de miss Bonham Carter, elle est monstrueusement attachante avec son jeu de regards en coulisse, donnant à son rôle toute l'ambiguïté que nous développerons après. Le reste est assez médiocre... Mentions spéciales au chat et à la souris: le Cheshire Cat est vraiment bien fait, adorable, drôle sans être grotesque, séducteur à sa féline manière et la petite souris de la théière qui est une guerrière redoutable est joue souvent le rôle clef dans les batailles est culte!!!

 

Mais le plus grand trait de génie de ce film ne se trouve pas, à mon sens, du côté de la trouvaille esthétique: tout cela est très beau mais très traditionnel, mais bien du côté de l'interprétation tout en subtilité de cette « guerre des deux roses » qu'est la lutte fratricide entre les Reines Blanche et Rouge. C'est là où Burton se montre génial: il n'assène aucune morale mais parsème son oeuvre d'indices parfois assez flagrants pour une conscience adulte mais que les enfants les plus jeunes pourront ignorer pour savourer un film innocent et agréable. Le premier sentiment que j'ai eu fut de la sympathie pour la Reine Rouge, non, pas à cause de ma propention à prendre systématiquement le parti des méchants, mais bien parce que je pense que c'est ainsi qu'a voulu la représenter le réalisateur: vive, excentrique, amoureuse, colérique mais surtout profondément fragile et blessée, et tout cela prend sens dès que nous découvrons la Reine Blanche, magnifique (les goths ne vont plus se tenir, attention magasins des Halles: white is the new black!), séductrice, entourée de fidèles sincères et surtout insupportablement creuse, superficielle, morte! Enfin, cet antagonisme cristalisé lors de la bataille finale m'a arraché un cri: Marie Stuart (aucun rapport avec la guerre des deux roses, n'allez pas tout confondre hein, on dirait encore que c'est de ma faute!) avec Marie Stuart en reine blanche et Elizabeth en reine rouge. Mais développons cet antagonisme et l'étrange choix que fait Alice plus en avant, dans l'ordre où j'en ai pris conscience.

 

La vie et la mort, tout d'abord. C'est d'abord la vie débordante, bouillonnante, de la Reine Rouge qui nous frappe, symbolisée d'abord par sa couleur, mais aussi par son rôle de « dame de coeur »: j'avoue que je peux sembler un peu dingotte de psychoter là dessus en pleine séance de cinéma, mais elle m'a semblé symboliser l'eros, la pulsion de vie, voire même la volonté de puissance nietzschéenne, cette vie, cette passion qui ne va pas sans violence, sans folie (dionysiaque) sans grotesque. Ici, la vie est quelque chose de monstrueux, de séduisant, d'ardent, de fou, de tyrannique, de cruel, une énergie qui fait peur, qui envahit, qui livre bataille, et qu'Alice va fuir, se rangeant du côté de la Reine Blanche, alias Thanatos.

Cet aspect morbide de la Reine Blanche (ou plutôt Dame Blanche?) m'a frappé dès sa première apparition, et cette polarité est toujours plus accentuée alors que le film progresse: elle est la reine de ce qui ne bouge pas, de l'immuable, du sans vie, son palais ne s'appelle-t-il pas Marmoria? Les marbres du tombeau... Elle le dit elle même, en plongeant des doigts de cadavre dans sa potion de sorcière « j'ai laissé à ma soeur le règne sur les êtres vivants » (je ne sais plus si ce sont les mots exacts) on ne peut être plus clair: elle règne, elle, sur l'empire des choses mortes, de la beauté éternellement figée. Sa couleur est un indice: en Asie et dans les cours européennes, le blanc est la couleur du deuil, que ce soit le linceul ou le deuil des reines et princesses, son teint livide, ses lèvres noires en sont un autre, encore plus frappant. Enfin, qui donc est l'antagoniste de la Dame de Coeur si ce n'est la Dame de Pique? Sa gestuelle encore offre un indice: elle ne touche à rien, gardant le mains hautes, sans agir, séduisant pour qu'on agisse à sa place, elle n'a aucune vie.

Nous avons donc une reine de sang face à une reine de glace, la vie dans son tourbillon monstreux, l'eros comme un grand bébé capricieux face à la mort dans sa beauté figée, thanatos comme une idole fascinante. Et c'est là que Burton est à la fois subversif au sein d'un film Disney (faut le faire! Chapeau, bis!) et colle à ma, à notre génération (bon, ok, si je me mets à faire le portrait de « notre génération » comme ayant perdu son énergie vitale, refusant toute tension et n'aspirant qu'au calme dans le froid giron de notre mère la Mort, comme coupée de la racine bouillante et combative de la vie, alors que moi même m'abîme néo-romantiquement dans la contemplation de Thanatos avant de faire des pompes en fundoshi sur du Wagner, je vais me faire arrêter par la police nippone des gros clichés bien massifs avant même d'avoir eu le temps de me faire seppuku, ça serait con ça...(je rêve ou j'ai écrit « gros cliché bien massif » haha, t'as vu comme il est bien massif, mon gros cliché? Bon, j'arrête...)) car c'est bien la Dame Blanche qu'Alice décide de servir, plutôt qu'une Reine Rouge effrayante d'énergie. La beauté, la distinction, le doux apaisement dans les bras cadavériques de la Dame de Pique, tel est le choix d'Alice...

 

J'y ai ensuite vu un aspect historique, comme un jugement, plus moral cette fois, contre la diabolisation de l'ennemi et le manichéisme en général. En effet, si l'on juge leur situation d'un oeil extérieur, aucune des deux reines n'est préférable à l'autre: l'une a exclu l'autre de l'affection de ses parents, a séduit tous ses soutiens pour les attirer dans son camp, et entends bien priver sa soeur aînée, régnant donc de plein droit, de son pouvoir, l'autre s'accroche à sa couronne par la tyrannie la plus odieuse, fait régner la terreur pour se donner l'illusion d'une popularité. Lors de la scène finale, le désespoir de la Reine Rouge, sa souffrance est flagrante (elle est la seule des deux qui puisse souffrir et aimer, elle donne amour et terreur, la Dame Blanche elle, ne donne rien, elle prend, encore une pierre pour le dualisme eros/thanatos) alors qu'elle perd tout, face au tyran haï enfin terrassé, la Reine Blanche se donne le luxe de la magnanimité, pas d'exécution physique, mais la condamnation morale, la diabolisation. Cela m'a étonnamment rappelé le « vae victis » des Américains lors de la seconde guerre mondiale et des toutes celles qu'ils ont mené par la suite (guerre froide, Vietnam, Golfe, Afghanistan, Irak...): non, nous ne vous exterminerons pas, nous sommes tellement au dessus de ça, nous allons démocratiquement nous offrir le luxe d'à la place de D.ieu, que naturellement, nous représentons, vous condamner, démons, à l'enfer de l'infréquentabilité morale. C'est sans doute une interprétation très personnelle, mais il n'est pas entièrement absurde que Burton ait voulu donner une pichenette au manichéisme américain, le faire, si telle est réellement son intention, dans un film Disney, c'est du génie pur!

 

Je ne me relis parce que j'ai l'impression qu'avec mes élucubrations, je pourrais concurrencer sévèrement le Chapelier Fou ^^ on garde toutes les phôtes d'aurtohgrafe, ça fait plus authentique... A je ne sais pas trop quand mes petites chauves-souris, si je suis encore de ce monde!

 

PS: ayant posté cet article sur FesseBouc, une amie m'a répondu grâce à un élément de critique particulièrement pertinant, non pas historiquement mais politiquement, à propos du machiavélisme politique de la Reine Blanche et de la possible analyse dictature vs démocratie... il faudra que je lui demande la permission avant de reproduire ici ses propos, et en attendant, bien que cela soit peu compréhensible en l'absence de son analyse, voici ma réponse:

 

 "j'aime beaucoup l'idée de complémentarité entre les comportements d'Alice avec les deux reines, le trop plein et le trop vide! Si on va dans le machiavélisme, ne pourrait-on pas dire qu'Alice n'est pas plus libre chez la Reine Blanche? Cette dernière fait mine de la laisser seule maîtresse de ses actes (avec une voix qui pue l'hypocrisie) tandis que la pression non dite ne lui laisse qu'un choix: zigouiller cette putain de bestiole, elle ne pouvait rien faire d'autre sous peine de se prendre la sanction morale de tout le monde en pleine poire. C'est pour ça que j'aime bcp ton analyse démocratie/dictature que je n'avais pas poussé à ce point (j'étais restée coincée dans la vision historique): la dictature t'impose ta passivité par la violence, la "démocratie" t'impose ton action par le "politiquement correct" qui est cette pression muette liée à la "sanction morale"... c'est assez désespérant, en effet..."

 

Partager cet article
Repost0
8 mai 2008 4 08 /05 /mai /2008 15:22

Pour une fois, la khâgneuse médiévale est sortie de son antre poussiéreux pour aller voir (tenez vous bien) un film le jour de sa sortie !!! (c’est la première fois depuis le Seigneur des Anneaux, pour lequel j’avais réservé plusieurs mois à l’avance, mais osef) Il me paraît donc impérieux d’en faire hic et nunc, enfin, surtout nunc, la critique. J’étais tombée par hasard sur l’affiche, représentant une jeune fille bonde et mimi tout plein dans un bain moussant dont la blancheur cessait après quelques cm de bulles pour faire place à d’inquiétantes (zet humides) ténèbre, le sous titre « chaque rose à ses épines » (pas d’une originalité ni d’une nouveauté extraordinaire, mais passons), les commentaires de divers journaux (une comédie politiquement incorrecte, humour noir etc…) mais surtout le titre, Teeth (pour une fois que je ne vous fait pas poireauter un paragraphe entier avant de lâcher le titre !) me plurent tout de suite. Et puis une intuition (féminine, huhuhu), vu la fille, le bain, le noir, la rose, les dents : c’est une histoire de vagin denté ! Hier, je me renseigne, et bingo, c’est bien ça ! Non, ne partez pas, je vois déjà l’idée pernicieuse qui sournoisement s’insinue dans vos esprits : ça n’est pas du teenmovie bien gras et lourd, ni un film porno, oui, c’est un thème vu, revu, ressassé depuis la nuit (vaginale ?) des temps, et justement, c’est comme cela que c’est, très intelligemment, traité : comme un mythe, le mythe des mystères de la sexualité féminine, l’interdit par excellence qui s’incarne dans les Etats-Unis modernes et prouvent que les mentalités n’ont en rien évolué (on y parle aussi d’évolution, à propos) et que depuis que l’Homme existe, la femelle éprouve toujours son sexe comme une chose étrangère à elle, voire dangereuse, le mâle comme une chose tout aussi dangereuse, à vaincre, dominer, prendre.

 

Mais commençons par le portrait particulier de ce mythe universel : Dawn est une jeune vierge de 16 ou 17 ans (8I8 ceci est un papillon) qui vit avec sa mère, gravement malade, son beau père, homme fort sympathique, et le fils de ce dernier (Brad, au moins je sais pourquoi j’ai retenu son prénom… mais pas de Janet à l’horizon, triste…), jeune homme perturbé, violent, mais qui a l’extrême bon goût d’écouter du métal à longueur de journée, ce qui garantit une excellente bande son ! La première scène présente le traumatisme originel de Brad : les deux enfants jouent dans une piscine, Brad refuse d’accepter Dawn comme une sœur (on sent, et on sait plus tard, mais c’est tellement évident que ça ne gâche rien que de le dévoiler ici, que c’est parce qu’il l’aime et la désire et ce nouveau statut empêche toute relation amoureuse entre eux), comme souvent le font les jeunes enfants, ils se montrent leurs sexes (on ne le voit pas) quand soudain Brad pousse un cri retentissant et sort de l’eau, le bout de l’index profondément tailladé. Depuis ce jour, il va développer une terreur devant le vagin et la femme en général qu’il domine (c’est le cas de le dire) en traitant ses petites amies comme des chiennes (il en a d’ailleurs une, un rotweiler de combat appelée Mother car il n’en a pas, de mère), leur imposant des pratiques sexuelles excluant toute pénétration vaginale (je ne vais pas vous faire un dessin non plus, bande de pervers !) une fois encore, on ne voit rien de choquant, on entend, on voit l’avant et l’après, le film reste très pudique. Dawn, elle, bien que sa famille ne l’ai visiblement pas orientée dans cette voie là, est une fervente prédicatrice pour l’abstinence et la virginité jusqu’au mariage, elle multiplie les conférences dans les lycées, appuyée par pasteurs et groupes de cathé, engageant garçons et filles à faire une promesse solennelle de chasteté avant le mariage qu’ils matérialisent par une bague rouge à l’annulaire qu’ils n’ôteront que pour la remplacer par l’alliance d’or. C’est au cours d’une de ces conférences qu’elle rencontre un jeune homme duquel elle tombe amoureuse (et c’est réciproque) et sent en elle s’éveiller les premiers désirs sexuels.

C’est l’occasion pour un public européen de découvrir autrement que par des documentaires une Amérique profonde (le film est tourné au Texas) où les profs de biologie qui exposent les thèses darwiniennes se heurtent aux convictions de leurs élèves, où des collégiens récitent par cœur avec une misogynie tout à fait inconsciente les versets de la Genèse concernant Adam et Eve (la côte d’Adam, le serpent, tout ça…) avant de se déchaîner sur de la pop, où ce sont les jeunes qui militent et défendent des valeurs traditionalistes dont les parents n’ont cure, où se mêlent violence, armes à feu, chiens de combat, déviances sexuelles et angélisme béat, rêves de princesse à 17 ans dans une chambre de petite fille (ceci est du rose!), où dans les livres d’anatomie, la page « vagin » est cachée par un énorme autocollant. Il y a aussi la « couleur locale » de la nature, des sorties qui sûrement sont encrées dans le quotidien des jeunes américains mais peu pratiquées en France : par exemple aller entre amis découvrir des lieux secrets et idylliques en forêt, se baigner dans des mares inconnues, tout ce rapport confiant à la nature dont témoignent de nombreux films (d’horreur, car la nature se révèle moins amis que les jeunes n’auraient cru) américains, ainsi que des BD comme Black Hole et qui me paraît faire défaut aux jeunes Français. C’est l’occasions de scènes d’une grande beauté, très touchantes auxquelles ont pourra peut-être reprocher un symbolisme trop évident. Mais ce défaut, présent dans tout le film qui veut maladroitement prouver que non, ça n’est pas un simple film drôle et crado, mais qu’il soulève un problème millénaire ancré dans la culture universelle, peut tourner au jeu : allez le voir entre amis et amusez-vous à repérer tous les symboles freudiens ou mythologiques : ils sont pléthore et insérés avec plus ou moins de finesse ! De la grotte derrière la cascade au Jardin d’Eden, en passant par Méduse et quelques vanités (fort bien réussies soit dit en passant), le film fourmille de références.

Mais le plus intéressant reste le rapport de Dawn à son sexe, cette chose mystérieuse, dont personne ne lui a jamais parlé, qui reste LE tabou majeur, l’Innomable (il y a quelque chose de lovecraftien dans ce sexe androphage et insaisissable). Si le cas de Dawn est particulier à cause de son milieu et de son absence totale d’éducation sexuelle, toutes les vierges et celles qui se souviennent encore de ce temps là pourront se retrouver dans ses angoisses, en effet, pour la femme, le sexe n’est jamais, comme pour l’homme, quelque chose d’immédiat, elle ne l’ont pas dans la main à chaque fois qu’elles veulent pisser, elles ne peuvent le voir, et ce qu’elles en voient peut leur sembler répugant. Or ce sexe (si l’on considère tout l’appareil reproductif dans son ensemble) s’impose douloureusement à elle (je signale à mes chers lecteurs, qu’ils ne peuvent même pas imaginer les proportions que peuvent prendre les règles chez certaines filles, ni la douleur atroce qu’elles leur infligent, et doute qu’ils puissent en supporter autant) lui empêche certaines activités, bref, s’affirme en elle comme une altérité, comme quelque chose de vivant indépendamment de sa volonté, d’où le thème du monstre, du démon (dans de très nombreuses mythologies). C’est ce que signifie l’image du vagin denté de Dawn, qu’elle ressent comme une présence impure (par ses désirs) en elle. Or au cours du film, elle va apprendre à l’apprivoiser, à le maîtriser, à se l’approprier, et finalement à en faire une arme, à le considérer comme un don merveilleux comme un pouvoir. Ce qui représente l’apprentissage de la sexualité par la jeune fille ( 8I8 autre papillon). En effet, le premier rapport sexuel de Dawn est presque un viol, il lui est violemment imposé, et son vagin réagit en arrachant le pénis de son « agresseur », puis c’est un gynécologue qui la manipule sans délicatesse ni égards, malgré ses protestations et sa douleur, et qui y laisse quatre doigts, jusqu’à ce qu’elle découvre que lors d’un rapport doux, respectueux de sa personne et soucieux de son plaisir, sa « vagina dentata » se révèle parfaitement innofensive, et que finalement elle prenne les commandes de ce « mécanisme » et s’en serve pour se venger de ceux qui lui on fait du mal. En revanche, je déconseillerais le film aux jeunes gens vierges qui, s’ils ne prennent assez de recul, pourraient être gênés dans leurs futures relations avec le sexe féminin. (et là, du bleu)

 

Enfin, Teeth outre une très belle illustration de l’appropriation de son sexe par une jeune fille, est une comédie mordante et jouissive (oui, c’est nul, mais depuis le temps, j’espère que vous ne comptez plus sur moi pour faire des jeux de mots fins), avec de la bonne musiques, des scènes hilarantes (par exemple lorsque la jeune fille pure, en virginale robe blanche se relève du lit fatal, jambes écartées et que le pénis de sa victime choit lamentablement à terre) ce qu’il faut d’hémoglobine (pour une fois que quelque chose de bon sort d’une bite !) pour assaisonner le tout. Bref, pour vous mesdemoiselles (8I8, troisième papillon), c’est un devoir que d’aller voir ce film (votre sexualité ne s’en portera que mieux), pour vous mesdames, la jouissance sera double, pour vous messieurs, vous y apprendrez à ne pas vous conduire en mufles et à respecter le plaisir féminin, pour vous mesdamoiseaux… euh… il y a Iron Man aussi…

Alors, femmes modernes,filles de Lilith, prenez contrôle du pouvoir qui est en vous !!!

PS: non, Skychounette, je ne fiche pas de toi, voici un os à ronger, tu l'auras, ton dessin rose et bleu avec des papillons et des fleurs!

Partager cet article
Repost0
1 mai 2008 4 01 /05 /mai /2008 14:42

Amis prépateux qui avez sans doute besoin de délassement dans ces époques bénies où nous allons/ avons tous tôoorché comme des bêtes mais un tantinet harassantes, voici pour la détente de l’âme et du corps (préférable à celle du revolver) un joyeux petit film, frais, drôle, potache. Certes, ça n’est pas une évasion radicale non plus, mais on peut l’analyser comme une réjouissante métaphore non seulement du Concours mais aussi de la société en générale qui vous aidera à relativiser, et, qui sait, vous incitera peut être à rejoindre les anar’ nordiques de Christiania (voir premiers articles de ce blog). Ca se passe au Japon (comment ? je crois ne pas déceler sur vos visages émaciés par les révisions l’étonnement que j’escomptait, enfin quoi, vous n’oseriez tout de même pas me faire l’affront de vous y être attendus !) dans un futur proche (qui est déjà un peu passé mais bon… on aime les années 90 !) le régime est tombé, la crise éco fait rage (grandes obsessions japonaises, d’un côté, il y a de quoi, enfin, pas si l’on tient compte des tailles et statuts respectifs des EU, du Japon et de l’UE, là, clairement, le Japon force plus que le respect, l’aplatissement des deux autres sur leurs tatamis, tête en bas, cul en l’air. Mais je m’égare…) il y a 15% de chômage et 800 000 lycéens ont décidé de quitter l’école. Du coup les vieux (encore eux, décidemment) on peur des jeunes (ils ont raison nyark nyark) de ardeur révolutionnaire, de leur indiscipline (a propos, ça fait 40 ans que… mais non, je dévie, zut, enfin bref, avant que l’Ordre et ses sbires ne phagocytent l’énergie chaotique de la jeunesse et ne la coule dans le moule du capitalisme) et on donc mis au point : BATTLE ROYALE survival program (prononcé en japonais, c’est hilarant ! Le programme en lui-même l’est moins, quoi que…), attention chéris, ça va trancher ! (et si quelqu’un murmure qu’il s’y attendais, je l’explose à la kalach’, non mais)

 

            Au commencement il y eut le Verbe, et le Verbe se fit Livre. Et dans la suite logique des choses, le livre se fit manga (dessin type années 80, une horreur absolue, on dirait du mauvais comic, mais intéressant car bien que suivant strictement le même scenario, chaque personnage est davantage fouillé développé avec backgroud etc… et du coup c’est encore plus glauque, on frise parfois le Christiane F. 13 ans droguée, prostituée (à lire si vous voulez passer le reste de vos jour dans une chartreuse à prier pour soulager les misères du monde, ou monter une assoc’ d’aide aux jeunes en détresse, si vous êtes trop jeune pour prendre ce genre de décisions, évitez cette lecture et trois semaines de dépression intense) ) et le manga film. Le livre originel serait une sorte d’équivalent nippon de 1984, le film et le manga insistent beaucoup moins sur l’aspect politique que sur l’aspect humain des choses.

            Imaginez une classe de 3eme qui part joyeusement en voyage scolaire de fin d’année, les petites amourettes, les rivalités, un joyeux foutoir dans le car…hermétique (mais les élèves ne le savent pas), le héros se réveille alors que tous dorment et se fait assommer par une chose bizarre, hybride d’infirmière et de domina, tailleur violet, chignon strict, masque à gaz (d’où l’endormissement) assez sayks j’doa dire… Et la joyeuse troupe se réveille dans une salle de classe, entourés par la police, et devant un de leurs profs, Kitano sensei, joué par, devinez qui, Kitano Takeshi lui-même ! C’est là que ça devient drôle : on a peut être le passage le plus glauque du film, très mordant pour des Japonais (on connaît moins ça en France) : les règles du jeu sont expliquées sur un écran par une présentatrice ultra maquillée, excitée, sexy en mini battledress qui explique avec force sourires, sautillements, gestes des bras (on n’est pas très loin de la tecktonik) que oh comme c’est super, leur classe a été tirée au sort parmi toutes celles du pays pour participer au jeu, qui est passionnant, c’est génial, ils vont bien s’amuser, comme ils peuvent le voir, ils ont tous des colliers autour du cou qui permettent de les repérer sur l’île et qui peuvent exploser (et exploser la trachée par la même occasion) sur simple commande (panique dans la salle, à un moment, une élève papote, le prof, au mépris de tout règlement, lui envoie un couteau dans le front, ce qui est assez efficace comme pédagogie (pas de récidive) mais que je ne saurais trop déconseiller aux profs qui pourraient lire ces lignes, il est assez pénible d’avoir à gérer des parents hystériques, suite à la mort de la bavarde, écran noir : « mort(s), fille n° X, survivants :47 », bienvenue à bord !) les règles sont simple, hihihi, l’île fait 10 km de circonférence, ils sont 48 (enfin, 47 maintenant, mais la présentatrice ne le sait pas) à l’issue de trois jours de combat, il doit n’en rester qu’un (le vainqueur, on l’aura compris, qui a le droit de rentrer chez lui et reprendre la traintrain de sa vie lycéenne) si il en reste plus, tous les colliers explosent, c’est ballot hein, de même que si on essaie de sortir de l’île, au fur et à mesure du jeu, certaines zones de l’île sont interdites, si on s’y trouve, boum ! hihihi. Chaque jour, des communiqués indiqueront les morts et les zones interdites (avec des messages du genre « ce matin il n’y a que trois morts, vous vous laissez aller, je suis déçu). Enfin, c’est vraiment trop cool, ils reçoivent tous un sac avec des vivres (deux pains, trois bouteilles d’eau) une carte de l’île, un feutre noir et une arme. Et là où ça devient vraiment drôle (pour une fois c’est pas le présentatrice qui dit ça, c’est moi) c’est que les armes sont distribuées au hasard et là par exemple (la présentatrice ouvre le sac) une hache, bouh ! hihihi. Allez, c’est super ! Allez y et que le meilleur gagne, hihihi !

            Panique, cris, pleurs, on fait exploser un élève pour l’exemple (comme par hasard le meilleur ami du héros), on apporte le cadavre du prof qui les accompagnait en voyage et qui refusait ce jeu, et qu’évidemment les élèves adoraient. En plus des 46 élèves de la classe, il y a deux nouveaux élèves, des beaux gosses ténébreux, of course. Après maints grincements de dents, nos sympathiques collégiens s’éparpillent dans l’île.

 

Evidemment, l’un des buts du film est la pure jouissance bien malsaine, à la japonaise, de voir des collégiens en uniforme se massacrer à coups de hache, de faucille, de fusil, de kalach’, de grenades, d’arc, de katana, de hache et le sang coule sur les chemises des écolières (l’une des plus chouettes images du film étant au début, l’arrivée de la gagnante du jeu précédent, une gamine couverte de sang qui serre une peluche contre elle avec un sourire sadique et un regard de tueur), et on va de tentative de viol et plan-culottes (pour les ignares, c’est un gros délire nippon, à savoir la culotte blanche en coton, qui, aperçue sous une jupe, a toujours son effet sur le public masculin) a massacre de 5 amies qui s’entre déchirent, le contraste frêle jeune fille (en uniforme) et gros calibre étant une des choses les plus bombantes que le cinéma B ait inventé. Et QUI n’a pas un jours rêvé de se faire toute sa classe à la 22 long rifle ? Perso ça ne m’est pas arrivé depuis que je suis à LLG, mais en seconde par exemple, il n’y a pas l’ombre d’un micro-doute que j’aurais remporté le jeu (avec grand plaisir en plus), en troisième j’aurais eu plus de remord pour deux trois personnes, mais bon…

 

Outre cet aspect esthético-sadique des choses, il est fort intéressant d’observer les stratégies, les groupements, les alliances, les personnalités qui surgissent. Il y a ceux qui refusent le jeu : les héros, of course, un gars, une fille (non, il ne se passe rien, on est dans la pureté et la chevalerie, non mais !) qui reçoivent respectivement un couvercle de casserole et des jumelles comme armes, c’est tout dire, pacifistes convaincus, ils vont traverser tout le jeu sans tuer personne (enfin si, un gars, mais c’est lui qui avait commencé), des tas de couples qui se suicident fort romantiquement en sautant des falaises ou en se pendant (ce qui est une des plus belles façons de refuser le jeu), la manière la plus conne : deux filles au somment d’une colline agitent leurs vestes et appellent à la paix et à l’union de tous dans un porte voix, évidemment, elles ne tiennent que deux minutes avant de se faire dessouder, la manière la plus intelligente, la plus organisée, qui était sur le point de réussir : un hacker dont l’oncle est un activiste anar’ (pas vraiment le genre Christiania) réunit à l’aide de deux amis tous les ingrédients pour grosse bombe et cocktails Molotov, trouve un générateur électrique pour alimenter son portable et véroler le système central du contrôle des zones et des colliers (il faut dire que l’île est certes dépeuplée mais non pas déserte : on trouve des tas de trucs, un phare (idéal pour se suicider), de quoi faire de la bonne nourriture, un dispensaire, une zone/hangar dépotoir). Il y a ceux qui essaient de s’unir : les filles du phare qui finissent par s’entretuer après l’arrivée d’un garçon (le héros), les héros et un autre dont on parlera plus tard, mais en général, ce n’est pas une méthode très efficace. Les solitaire, souvent ceux qui entrent dans le jeu, avec plus ou moins de succès et d’art, certains expriment ainsi leurs plus bas instinct, d’autres leur désir de tout faire parfaitement bien (scène mémorable du fort-en-maths qui tue en récitant ses théorèmes), d’autres leur soif de se venger d’une classe qui les prend comme souffre-douleur (sûrement le cas du gros à l’arc), on a aussi une chouette fille, qui tout simplement, et assez sainement, préfère tuer que se faire tuer et ainsi tue un sacré beau gosse qui lui révèle son amour avant de mourir, donc forcément, ça l’achève. Mais surtout, deux figures de dieux du carnage se dégagent de la masse : un des deux nouveaux élèves, un volontaire, vainqueur d’une édition précédente du jeu qui rempile par pur plaisir, dans le manga, il est appelé par un élève « le dieu nihiliste » et il y a de ça. Beau gosse (forcément) roux (forcément bis, ça fait diabolique) élégant en uniforme noir (forcément ter) alors que les autres sont en beige il traverse les flammes, les rafales, tue pour la beauté du geste et par sadisme. Son alter ego féminin, elle, tue pour survivre, parce qu’elle n’a aucune envie de se faire tuer, mais avec un certain charme macabre et des méthodes carrément glauques du genre mante religieuse, c’est bien sûr la plus jolie fille de la classe avec de longues jambes fines, une pâleur parfaite, de longs cheveux noirs, elle n’a ni scrupules, ni pitié, ni principes à part survivre coûte que coûte.

                                      

            Disons le tout de suite, ça va se jouer entre les deux héros et leur ambigu ange gardien (l’autre nouvel élève), les deux anges exterminateurs, le hacker et ses potes. Outre les aspect sociologiques et politiques (la société est elles autre chose qu’une gigantesque B.R. ?) on peut ajouter une suggestion à Moniiiiiiiiiiiique : et si on remplaçait le Concours par une B.R. avec 1300 participants et 75 gagnants ? Le sous titre ne serait plus « avez-vous déjà tué votre meilleur ami ? » mais « êtes-vous prêts à exterminer les Connards d’En Haut ? » ça rendrait le tout un poil plus vivant (si j’ose dire…) que de plancher en silence sur des copies, en plus, avec un uniforme sexy et des armes bien bandants, je suis sûre que ça aurait beaucoup de succès. Par contre, il faudrait prévoir une armée de psys pour les gagnants (mais n’est ce pas valable avec le Concours tel qu’il est ?).

Bon, sans dec’, réfléchissons y vraiment : prenez une personne que vous aimez, dans votre classe ou pas, amitié ou autre, préféreriez vous la tuer, ou qu’elle vous tue ?

 

Alors, vous voyez bien qu’il n’est pas si terrible, ce Concours, hein !

Gambatte !!!


PS: à ceux qui m'envoient des messages grâce au lien bien planqué en bas, en bonne noob que je suis, je suis totalement infoutue de voir l'adresse et ne peut donc pas répondre pour l'instant, mais je cherche, je cherche...

PPS, c'est vrai, le blanc sur gris c'est moche mais c'est plus lisible, donc back to white comme ne dirait pas certaine chanteuse aux habitudes de vie un poil douteuses


PPPS, Edith (histoire de rester dans les chansonnettes): ayé, ai trouvé, à ce niveau ça n'est plus de la noobitude, c'est le chien et la canne blanche!

Partager cet article
Repost0
19 décembre 2007 3 19 /12 /décembre /2007 15:04

En première, ma prof d’Anglais qui aimait à soulever « some fundamental issues », la délicieuse Mme Caro (pour ceux qui connaissent) nous a fait lire Heart of Darkness de Joseph Conrad. Roman qui m’a beaucoup plus par son ambiance, sa façon de rendre présent le souffle moite de la forêt du Congo, ses abîmes de ténèbres, ses secrets, ses monstres, de confronter le héros à ses propres ténèbres et monstres à la recherche d’un homme qui s’est voulu libre et tout puissant dans une sorte de folie nietzschéenne. En regardant un DVD loué pour combler une soirée de « révisions de Concours Blanc » je me suis dit toutes les cinq minutes « Rhôoo, c’est exactement l’histoire de Heart of Darkness ! En plus, le gars, y s’appelle Kurtz aussi, rhô mais le plagiat eh ! et puis en plus il y a des phrases, que c’est mot pour mot du Conrad, rhôo mais c’est dingue eh ! ». Mais mise à part une magistrale adaptation du roman de Conrad, il est tout de même super chouette, ce film, qui m’a parfois rappelé Kubrick pour le côté trip à l’acide plus que pour la guerre du Vietnam. Il m’a donné envie de retrouver ce vieux (enfin, pas tant que ça tout de même) bouquin dans ma bibliothèque, et en lisant la quatrième de couverture _que je n’avais jamais lue, puisque de toute façon, il fallait lire le livre, autant plonger les yeux fermés_ oh surprise ! J’apprends que this novel avait été bathement adaptated by Francis Ford Coppola in his super cool deadly kinky film (c’était pas vraiment écrit comme ça mais en gros c’était le contenu) APOCALYPSE  NOW.

 

Persuadée que j’étais la dernière ghlandue de la planète à découvrir ce film, je ne m’apprêtais pas à y aller de ma petite critique, mais visiblement les cinéphiles aware de ce qui se passe dans le monde l’avaient vu il y a tellement longtemps qu’ils ne s’en souviennent plus du tout, trop bête hein ! Mais uneseule a eu le courage d’avouer que non, elle ne l’avait pas vu. Donc, spéciale dédicace à Lathanel qui en plus à eu l’amabilité (ou la politesse) de se marrer lors de mon explication. Je vais essayer de vous la faire (la critique) linéaire pour une fois, et pas découpée (NON, bande de vicelards, je ne veux pas me faire une critique horizontalement plutôt que de la découper selon ma louable habitude de psychopathe).

 

Donc c’est un capitaine (Willard ou un truc dans le genre) qui se faich’ comme un rat mort à Saïgon en attendant une mission. Un yankee of course. Atmosphère de déréliction moite qui monte au cerveau par les nerfs moisis, excès d’alcool, pétage de plombs languide et sang sur les draps. Enfin la mission arrive : il s’agit de liquider le colonel Kurtz. Carrière brillante, destiné à l’Etat Major, le colonel a brusquement (ou frusquement ^ ^) changé de comportement lors de la campagne vietnamienne et pris de plus en plus d’autonomie jusqu’à mener des opérations de son propre chef, avec ses hommes qui le vénèrent comme un dieu, il mène sa propre guerre, traquant les Viets jusqu’au Cambodge. Les derniers messages reçus semblent prouver qu’il n’est plus temps de le soigner à l’ellébore. A la fois poétique et absurde, il évoque ses rêves d’un escargot qui rampe sur une lame de rasoir, et qui survit, d’une voix lasse. Image très significative du mélange de langueur, d’avachissement, de tiédeur humide et de cruauté qui imprègne tout le film, on ne sait si les hommes se ruent à la mort comme des loups pour secouer toute cette moiteur mollassonne insupportable ou s’ils s’y vautrent pour oublier les atrocité qu’ils commettent.

Quoi qu’il en soit « la mission n’existe pas et n’existera jamais » mais notre sympathique capitaine est contraint de l’accepter. Il s’embarque à bord d’un rafiot de l’armée à l’équipage prometteur en catastrophes : an guise de « soldats » un navigateur noir taciturne (Philips), un cuistot de la Nouvelle Orléans que l’on appelle « Chef » et qui parle Français, deux ados, un jeune Noir de 17 ans, surnommé Clean, mais qui ne l’est ni dans sa tête ni dans son corps (surshooté), excité comme une puce, et un surfer, Lance, connu de toute la côte ouest, contemplatif sous acide qui porte une vision esthétique sur le monde et sur lui-même.

Tout ce beau monde s’embarque, bien résolu (sauf le capitaine) à ne pas se battre, à remonter tranquillement la rivière jusqu’au Cambodge, ne sachant pas pourquoi mais tuant le temps en explorant les paysages psychédéliques des paradis artificiels. Les rencontres vont se succéder, croissant dans l’horreur à mesure qu’ils remontent la rivière.

 

Le colonel surfer : pour passer un point chaud tenu par les Viets, les marins d’eau douce on besoin d’une couverture aérienne, la « cavalerie » du colonel Killgore (au nom doux aux oreilles comme le sang frais du matin). La rencontre à lieu dans un village qui vient d’être bombardé, du sang, des flammes, du napalm, de la tripaille et des feu de Bengale, au milieu des vagissements, le colonel distribue des cartes à jouer aux cadavres, les « cartes de la mort » (on se croirait dans un manga tout pourri !). Puis se précipite sur Lance qu’il admire depuis longtemps avec d’autres surfers du régiment sans se soucier le moins du monde de la mission de Willard. La guerre est pour ces hommes un vaste terrain de jeu, la seule loi étant celle du chef charismatique. Le lendemain, scène d’anthologie dont tout le monde à entendu parler et qui m’a pas mal déçue : bombardement d’un village Viet sur fond de chevauchée de la Walkyrie. Au passage, le message politique : regardez comme ce petit village vietnamien est calme est paisible (en fait il y a des mitrailleuses planquées partout), oh les petits écoliers en uniforme ! oh les belles jeunes filles en hao sai (ortho incertaine) ! oh le calme, la paix, l’harmonie ! puis boum, le vilain Wagner qui représente la barbarie de l’occident prétendant universaliser ses valeurs et qui rapproche les ricains des nazis. Et re boum, les gros avions pas beaux. Et surboum les bombes pas gentilles ! N’empêche, on se marre bien, c’est dégueulassement bien foutu : on voit la paix, on ne peux pas ne pas admirer l’harmonie du village, mais on ne peut pas non plus ne pas trouver ces Walkyries modernes puissamment bombantes (c’est le cas de le dire), et en même temps, la paix n’était que de la vieille propagande communiste, cause il y a des kalach par en dessous. Donc en fait z’est zuper zuptil, ach ! On a la totale : du surf sur les vagues pendant le bombardement, le lyrisme du parfum « victorieux » du Napalm par Killgore, les répliques qui tuent du grand gamin qui veut s’amuser sur sa planche mais le napalm fait tout foirer, et merde ! Evidemment que les bombes c’est un truc de gros bœufs lâches, mais bon, tout de même, cette division wagnérienne est bandante en diable ! La fin est tout à fait grand guignolesque, nous sommes dans une mascarade absurde, l’horreur clownesque : Lance et Willard se précipitent in extremis sur le bateau en piquant sa planche à Killgore qui les traque pendant plusieurs jours en réclamant sa planche, fuck it was a good one, par messages aériens.

 

Grandeur et décadence des bunnies : Bon, je sais pas si c’est vraiment dans l’ordre, mais le fait est que les passagers de l’Amiral Bragueton débarquent dans une base où l’on attend un show donné par le magazine Play Boy sur une estrade flottante « au grand kitsch américain ». Les playmates teasent les boys et là, c’est le drame : overdose générale de testostérone, émeute, les filles se sauvent en hélico et des petits malins tentent de les y suivre (mais ça rate), pendant ce temps là, l’équipage fait le plein de carburant et de came. Les deux camps suivant sont une représentation boschienne du chaos. Dans le premier, sous la mousson et pataugeant dans une bouillie visqueuse, les hommes sans chef sont livrés à eux-mêmes tandis que les playmates font les putes dans l’hélico méchamment cradossé, on atteint l’apogée de la misère morale. Dans le second, c’est le summun de la violence, dans des tranchées au milieu des feux de Bengale multicolores on s’entre tue dans l’anarchie la plus totale (à ce propos je me suis rendue compte que les Etats-Unis étaient en fait non pas un avatar de la dictature capitaliste tentaculaire mondiale mais un puissant facteur d’anarchie chaotique : la preuve au Vietnam, en Afghanistan, en Irak. En fait, les Etats-Unis sont dirigés dans l’ombre par des adorateurs de Khali, de Parachourama et de Lilith réunis don’t le but est de répandre le feu et l’ombre (aaaaargh un balrog !) sur terre. Donc en fait y sont kkkool ! Mais chut, ne le répétez pas, c’est ultra secret, méga esotérique tout ça…). On ne sait plus où est l’ennemi, s’il est là, mais on éjacule de la mitraille à grandes rafales. Et au milieu de tout ça Lance promène un sourire ahuri de LSD qui lui sort par les yeux, wouh la belle rouge (non, pas une vietkong à oilpé !) ooooh la belle bleue, extaaaaase !

Dans le genre comique on a aussi un paisible bateau viet qui descend la rivière avec plein de beaux fruits exotiques à bord, Clean qui se tape un bad trip et/ou une remontée de testostéro-adrénaline et qui nous descend tout ça en hurlant comme un malade d’une bonne rafale sans se rendre compte que ces machins ça tue pour de vrai. Resultat, sur une demi dizaine de Viets, un seul survivant planqué dans un bidon : un petit chiot adorable adopté par Lance.

 

Luxe, calme et volupté : les Français. Un passage très étonnant, à tel point que l’on se demande s’il ne s’agit pas d’un rêve halluciné de Willard. L’équipage débarque au milieu des brumes dans une propriété hors du temps, zone neutre au milieu de l’horreur et du carnage : le plantation d’hévéa d’une dynastie de colons français. Les lumières crépusculaires sont magnifiques, l’atmosphère de la jungle qui était débauche, avachissement et délabrement chez les yankees devient subtilité, sensualité, volupté. Le clan de Marais relève pour une part du fantasme américain lié aux visions de la France : élégance, conservatisme culturel, arguties politiques, fierté et indépendance, séduction, mais également d’une connaissance fine (pour un américain) de l’esprit français avec un humour accessible seulement aux francophiles (« communiste ! non, socialiste ! communiste je te dis ! de toute façon, pour Papa, Mendès France est un communiste… »). Le discours politique tenu est une très juste analyse de la situation, les paroles les plus profondes et les plus spirituelles de tout le film, il témoigne d’un très grand intérêt de la part de Coppola pour la culture et l’histoire française et constitue un excellent document sur l’histoire coloniale, la mentalité coloniale etc… Bref, ce passage est une ode à la France, juste, belle, assez émouvante.

 

Le bouquet final : Kurtz. Après des jours de navigations sous la pluie, la mitraille, dans le fantômes de la brume, les fumerolles multicolores et les spectres du LSD les trois matelots (comme diraient les Bretons) _les deux Noirs sont morts_ sont accueillis par une population hagarde, un journaliste qui s’est perdu sur la route de Katmandou , des cadavres pendus aux arbres (« c’est quoi le truc qui pend là bas » dixit Rose, mais pas devant le film, enfin passons), des têtes qui ornent les marches d’un temple envahi par la jungle (sympa comme déco, ça peut être une idée pour Noël : accrochez des têtes réduites à votre sapin, et les têtes coupées, dans un jardin, c’est franchement mieux que les nains, les lions-lions ou les putti en plâtre). Bienvenu chez le colonel Kurtz ! Je ne vous raconte pas la fin tout de même. Quelques mises en bouche esthétiques : l’Angkor fantasmé de tous les aventuriers, avec le gourou charismatique et cruel, nietzschéen au possible (il va falloir que j’arrête d’employer l’adjectif « nietzschéen » comme synonyme de bien, tripant, chouette, bath, bandant, bombant, trop d’la mort qui tue, enfin, académiquement, ça passe mieux), du sang partout, sur les murs, sur les marches, dans les arbres. Silence, contemplation, fascination. Fêtes que l’on se plaît à imaginer orgiaques, mises à mort.

Partager cet article
Repost0
9 décembre 2007 7 09 /12 /décembre /2007 11:45

Vous en avez marre des films aux « images magnifiques » vantées par les critiques bobos du Masque (dimanche 20h15 sur France Inter pour les incultes) qui cachent une absence totale de scénario et d’action ? Ras-le-bol de l’underground fino-danois sur des écrans berlinois ultra conceptuels ? Plein le dos des films politiquement corrects pétris de bons sentiments et d’emmerdement maximum du style Etre et avoir ou L’esquive ? Bref, vous voudriez, ne serait-ce que pour quelques heures, rendre votre tablier en coton équitable, que même Tarantino ne salit plus depuis que sa violence potache à érigé la série Z en art second degré qu’il fait chic d’apprécier (par ce que c’est un poil vintage, comme Led Zep et les Ramones qui DOIVENT paraîtrent sur les playlists du bourgeois « in »), et puis, il faut bien l’avouer, depuis que tout le monde le connaît et l’adore unanimement, c’est rudement moins bon.

                                            

Imaginez donc une guerrière… NON pas Katia la bolchaudasse venue du froid avec des jambières en cuir et sa cuirasse qui ne protège éventuellement que les tétons et le pubis, une petite guerrière pour pervers japonais : l’air candide, la coupe de petite écolière, un kimono de coton grossier (bio, je suis désolée !) pour jeune paysan, c'est-à-dire ne couvrant que le torse, les fesses et le haut des cuisses, les mollets enserrés dans des bandes de protection (qui de loin font diablement songer à des chaussettes de collégienne), un super sabre de la mort qui tue et à la fin du film une cape tout droit sortie de FF. Lâchez moi cette farouche pucelle au milieu de centaines de brigands sévèrement fêlés, de ninjas aux armes empoisonnées, de soldats et de samouraïs et que la fête commence !

            Cette fête nous est donnée par Ryuhei Kitamura, elle s’appelle AZUMI, adaptation du manga éponyme réalisée en 2003. N’y cherchez aucune vraisemblance, aucune pensée profonde (aucune pensée tout court d’ailleurs) aucune autre ambition que de divertir, mission qu le film remplit à merveille et ça n’est déjà pas mal : environ 2h de pur plaisir, d’humour, de parodies, de flots de sang, de membres qui volent dans une ambiance bon enfant !

Le synopsis tient en peu de mots : une petite orpheline est recueillie par un samouraï-hermite qui a pour mission de former des assassins invincibles et sans scrupules pour éliminer les seigneurs du clan adverse, de onze (le vieux et dix gamins) ils finissent à deux (Azumi et un autre gars) déterminés à mener à bien leur mission (ce qui veut dire : il va y avoir une suite, et en effet, il y a, mais on n’en parle pas ici cause je ne l’ai pas encore vue) après avoir afronté des tas de guerriers très typiques des mangas et des RPG.

            L’ambiance est très Shonen : on rit et on se tape dessus. Notre Azumi, élevée au milieu de garçons parle et se comporte comme un homme (c’est assez frappant en Japonais où le parler féminin se distingue par ses intonations et expressions du parler masculin) donc pas de chichis (sauf LA scène obligatoire de la féminisation où l’on est sensé s’apercevoir émerveillés que la guerrière est non seulement super balèze mais en plus très séduisante, ici tournée en dérision puisque Azumi est parfaitement grotesque en kimono rose et manque de se faire violer, c’est tout dire !), elle est mignonne attachante, vive. Ses amis correspondent tous à des types : le beau gosse son meilleur ami, sage et mélancolique qu’elle est obligée de pourfendre dès la première journée de mission sur ordre du vieux (formez des équipes avec votre meilleur ami (typique des écoles japonaises où il y en a toujours qui se retrouvent laissés pour compte) puis tuez votre partenaire pour vous endurcir l’âme), l’intransigeant, discipliné, fidèle au vieux jusqu’à la mort, le looser qui est en fait le seul qui survivra, les autres, en gros, joyeux, vantards, sympathiques. Mais le plus drôle reste les méchants (où plutôt les adversaires d’Azumi et de sa bande, qui ne sont objectivement pas pire qu’eux) : des samouraïs old school, avec sens de l’honneur et tout ça, un ninja à masque de singe assez drôle et pas si méchant que ça. Puis on arrive dans le gratin du méchant de manga avec des brigands complètements barges qui s’amusent à se perforer la main au milieu de cadavres, maquillés à la John Galliano (et fringués pareil d’ailleurs), un village de bandits fous et pervers du genre pirates mais le mieux du mieux reste Bijomaru Mogami !

            Alors là, attention, roulement de tambour, l’ami Bijomaru mérite bien un paragraphe à lui tout seul. La première fois qu’il apparaît dans le film est dans une prison qui elle aussi mériterait bien son paragraphe tant la séquence développe en peu de temps une atmosphère digne du Nibelheim (le pays souterrain des Nibelungen, pas la goth’blogeuse mélancolique qui d’ailleurs à quitté les brumes pour l’eau du Léthé), trouble, glauque, on la devine grouillante de vermine entre les racines qui suintent une eau malsaine. La seconde fois, on se demande où est le rapport avec la scène en train d’être tournée : que viens faire cette belle femme de profil qui hume une rose ? est-ce un souvenir du jeune guerrier qui parle à son amie ? Plan suivant : face au jeune homme et son amie se tiennent le ninja au masque de singe et un guerrier androgyne tout de blanc vêtu, maquillé avec raffinement, une rose rouge à la main. Il s’avance avec nonchalance pour se battre en duel, tout en rappelant à quel point il est le meilleur, personne n’a de chance contre lui etc…Kitchissime et grandiose, le monstre troublant que l’on retrouve dans presque toute série de manga. Mis à parts ces aspects border-line et confusion des genres, l’érotisme latent qui l’environne, Bijomaru m’a fait pensé par certaines expressions du visage à l’ami Helcaraxan (non, ne casse pas ton ordi dans un grognement trollesque, ce serait ballot, j’ai bien dit MIS A PART ces aspects, les points communs ne viennent que maintenant) : la tête inclinée, pose que je viens de remarquer chez celui-ci et qui m’a donc immédiatement frappée chez celui-là, le détachement, la « conscience de sa valeur » un poil prétentieuse et orgueilleuse à donf, la scène finale où il apparaît comme un démon du carnage et du chaos (mais avec des cris de jouissance suraigus qui me feraient plutôt songer à un tanuki sicilien) mais ce sont surtout les expressions terriblement semblables ! Donc cette drag queen au katana blanc (sans vieux sous entendu pourri hein !), cette « brute blonde » brune aux yeux bridés et maquillés m’est sympathique et d’ailleurs fort comique à force de kitsch ! Donc Bijomaru en fooooorce !!! (mais moins qu’Alex, faut pas déconner non plus, quoi que les deux s’entendraient bien à mon sens. Si l’on faisait un film où ils se rencontraient, ce serait ultra dément ! Encore un projet pour après mon Integrasssssssssssssssssion)

            Pour finir par la fin (ce qui est relativement original pour mes articles), si vous ne devez voir qu’un quart d’heure de ce film, regardez la fin, la fameuse bataille où notre petit bout de guerrière haute comme trois pommes vient à bout de 200 guerriers au bas mot : ça gicle, ça découpe, ça explose, ça saute de plus haut encore que Jean Marais dans ses films de cape et d’épée, ça fait des effets de cape et de caméras désopilants, le tout finit dans un chaos sans nom, une bataille de tous contre tous grandiose où Bijomaru se déchaîne dans une transe orgasmique. Du délire complet !

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 20:33

J’aurais aussi pu intituler cet article “Blood, real blood” mais vous vous seriez dit que c’est reparti pour du délire à l’hémoglobine, et, las, vous seriez passés à autre chose. Or il ne s’agit (presque) pas de ça.

Il s’agit d’une citation, pas d’une revendication de ma part(ou si peu ^ ^), d’un ado, élève en dernière année d’un lycée anglais comme on les aime, avec ses maisons, ses préfets, ses châtiments corporels, ses humiliations sur les plus faibles, son homosexualité latente, ses traditions, sa discipline de fer, ses bâtisses gothiques, bref, du vrai, du vieux, du british. Mais revenons à Mick Travis, car tel est son nom, qui pond des aphorismes sous l’effet de la vodka dans une chambre tapissée de clichés selon ses goûts et ceux de ses amis qui partagent la bouteille, c'est-à-dire de tout et n’importe quoi. Ce Travis arrive dans les premières minutes du film avec un feutre noir, le bas du visage caché par une écharpe noir, portant, comme tous les élèves en cette rentrée de l’internat en l’an de Grâce 1969 , un manteau noir, on ne voit que ses yeux, d’un bleu intense, et, je crois, une ou deux mèches de ces cheveux qui sont « fair » et pas « dark » non mais ho ! On voit ces yeux et on a comme un avant goût de la longue jouissance qui nous attend, on le sent bien, ce film. Dans la cohue générale de l’installation des garçons dans leurs dortoirs, le salopard chef de dortoir dont j’ai oublié le nom et que Travis et ses potes Wallace et Johnny ne portent pas dans leurs cœurs ordonne à notre héros prometteur mais encore non identifié (tu parle !) d’ôter cette écharpe de sa face, veut lui ôter de force, d’où petite baston, mais l’écharpe n’est pas retirée. Travis se précipite avec sa malle dans la salle précédemment évoquée et se place devant le miroir… il s’est laisser pousser la moustache pendant les vacances mais les doute n’est plus permis : oui, c’est McDowell, oui, il a la claaaasse, oui, le film sera génial.

           

Le film, c’est If.... de Lindsay Anderson, 1969, c’est la révolte de trois élèves et leurs amis contre l’oppression des règles, des traditions, d’un système complètement obsolète, du servage imposé aux bizuths par les préfets, et surtout de l’immobilisme. C’est un Columbine so British, sublime car faisant exploser ce sentiment d’enfermement de l’adolescent qui découvre le monde, la philosophie, la vie et que l’on veut contenir dans l’accidentel, dans le formel des cours, des devoirs, de la société confinée d’un internat, ce sentiment qui perdure en prépa quand on nous fais lire Nietzsche tout en châtrant notre esprit.

            Ce film c’est l’adolescence, les aphorismes intransigeants, l’amitié liée par le sang, les serments, le romantisme de la révolte, les échappées sauvages, l’amour encore plus sauvage entre deux fauves, ou bien la tendresse virile d’une admiration homosexuelle. Et toute cette beauté, cette fougue, cette volonté immaculée, vierge de tout compromis immortalisée dans un cri de haine, de vengeance, mais aussi un cri de liberté, un cri muet qui avale le monde (non, je ne suis pas sous acide !!!) : le plan final sur le visage de McDowell (oui, c’est une obsession, et alors ?). Pour exprimer ces pulsions sublimes et folles, le génie d’un cinéaste dans l’emploi des couleurs, de la musique, dans le jeu sur le rythme, les ruptures. L’esthétique est clairement surréaliste : ne cherchez pas le pourquoi, le comment de chaque scène, la raison doit s’effacer pour laisser rugir le tigre qui sommeille en nous. La voltige de Wallace aux barres parallèles filmée en rose pâle (dit comme ça, ça fait tarte, ça ne l’est pas du tout, c’est beau, mâle, athlétique et tendre, 100% homo) sous le regard émerveillé d’une beauté digne d’un page florentin. La femme d’un prof qui se ballade à poil dans les dortoirs quand l’internat est déserté. Mais mieux encore, la rencontre, dans tous les sens du terme, de Travis et d’une fille des environs du collège, leurs feulements enragés, la bestialité triomphante de l’amazone, la douleur dans le plaisir et le plaisir dans la lutte !!!

           

Le génie de Kubrick dans Orange Mécanique s’en trouve quelque peu relativisé : beaucoup d’éléments sont présent dans ce film :

_certes un acteur doit être bien dirigé pour exprimer tout son talent, mais dans le cas de McDowell, on peut sans hésitation parler de génie, de style, de classe propre, de provocation nonchalante innée, de grâce dans la fureur (quelle douleur qu’un tel géant doive vieillir !)

_le rôle de la musique, liée au sexe et à la violence, ici Sanctus de la Missa Luba, une reprise des cantiques latins en style africain par une chorale d’enfants congolais et dont l’ouverture est grandiose (du Sanctus, pas des enfants congolais…)

_l’esthétisation de la violence comme « seul acte pur » dans une perspective amorale et gratuite

_la confrontation de l’adolescence rebelle, insouciante, libre de tout scrupule et de tout entrave mentale à un système hiérarchique, moralisateur, petit bourgeois, rigide, frileux

_ la gaieté dans le massacre face à la tristesse maussade des adultes

 

… d’accord, il reste encore beaucoup de boulot au vieux Stanley, mais les bases y sont !

 

            Mais mes mots restent statiques et pesants, et je doute d’avoir trouvé le souffle épique, seul digne de ceux qui se nomment eux-mêmes «  les Croisés », pour vous donner une ombre d’odeur du tourbillon jouissif qu’est ce film. Je ne m’appesantis pas plus car cette œuvre sublime est tout sauf pesante et que j’en veux déflorer le moins possible. Elle se joue tous les jeudis à 15h20 à l’Accattone (999 fois béni), ont peut l’emprunter chez Videosphère.

            Un seul conseil : n’y allez pas juste avant de faire qqc de chiant ou qui demande beaucoup d’attention, on sort de la salle avec une envie folle d’hurler, de courir, de se dépenser, de se révolter, rempli d’ardeur à tout sauf au travail, d’ardeur à la liberté !

Partager cet article
Repost0
21 octobre 2007 7 21 /10 /octobre /2007 17:39

Non, je ne viens pas de découvrir LE groupe ultime au visuel dément encore-plus-givré-qu-Kiss. J’ai découvert il y a quelques neuf mois (euh, enfin, c’est pas ce à quoi vous pensez hein, parce que le Lord en question, je ne l’ai pas encore déterré, donc pas de progéniture nécrophilique, à moins que je n’ai été visitée par un incube (celui de Byron évidemment) pendant la projection, auquel cas je suis la Vierge Ténébreuse porteuse de l’Antéchrist, et ça va chier grave…). Mais QUELLE projection demanderez-vous, agacés à juste titre par ces amphigouris ; j’y viens, j’y viens. Je suis donc, vers février, ou mars, enfin bref, je suis allée voir avec Camille et Maud (as usual), dans cette chic salle de ciné de la rue Cujas, l’Accattone, qui m’a fait découvrir un autre film _encore mieux que celui dont je vais vous parler et que vous trépignez d’impatience de connaître, mais dont, au moyen d’une perverse rhétorique, je retarde au maximum, comme vous l’aurez remarqué, la révélation_ qui sera bientôt l’objet d’un article sur ce présent blogue, je suis allée voir un film de Ken Russel datant de la sainte année 1986 du règne de Notre Seigneur (et là je ne sais plus quoi dire pour retarder le passage à l’acte (et vive le tantrisme), je ne suis pas assez cruelle pour vous faire un petit topo sur Russel) : GOTHIC (prière de ne pas lire « de Notre Seigneur Gothic » parce que ça serait, outre la faute d’orthographe, complètement hérétique, non mais oh !)

 

Qui ? Byron, le couple (torride s’il en est) Shelley, c'est-à-dire Percy, le poète des fulgurances (^ ^) et Mary, la belle et inquiétante femme de tête et de plume (pas dans le …) que l’on retrouvera plus tard en Inde (voir la BD complètement loufoque et uchronique : Empire), Claire Clairmont, demi-sœur de Mary et maîtresse (une des nombreuses) de Byron, aussi enjouée que complètement barrée, le docteur Polidori, des domestiques consentants, une chèvre, un porc (enfin, la tête seulement), un serpent, des chiens (tous consentants itou), des automates (nettement plus farouches)

Quand ? le 16 Juin 1816

 ? à Genève, dans la villa Diodati

Quoi ? Bon, là ça se corse sérieusement…

Historiquement, les cinq amis ont passé la nuit à faire du spiritisme et raconter des histoires d’horreur, à l’issue de cette nuit ils se mirent mutuellement au défit d’écrire chacun une « gothic novel » une histoire d’horreur. Seules celles de Mary Shelley et de Polidori nous sont restées : Frankenstein ou Le Prométhée moderne pour la première où l’on retrouve la source d’inspiration de son amant puis époux : Prométhée, la lutte de l’Homme contre Dieu, la foudre, l’énergie vitale etc…, Le Vampire pour le second qui s’inspire beaucoup de la figure déjà mythique de son ami Lord Byron.

Ken Russel met en scène cette nuit de tous les fantasmes (au sens grec mais aussi moderne), de toutes les terreurs, de toutes les folies, et c’est là que le film devient vraiment chaotique…

 

Russel profite d’un scenar se prêtant docilement à tous les délires possibles et imaginables pour faire un tour d’horizon quasi exhaustif de la littérature gothique, c'est-à-dire des histoires d’horreurs à la sauce XIXeme ou ce que l’on peut aussi appeler « romantisme sombre » (ou dark romantism quand on veut se la jouer goth’ victorien).On a tout, et même un peu plus (apparition de « la chose » lovecraftienne dans la substance visqueuse comme de la bave d’escargot qui envahit la villa en trois flaques dont la dernière, dans une chambre à coucher, va posséder Claire par capillarité). Il serait fastidieux et inintéressant de vous faire un résumé de ce qui s’affirme comme un cauchemar halluciné et loin au-delà de toute logique, je me contenterait donc de vous donner quelques éléments esthétiques, puisque c’est bien d’esthétique qu’il s’agit, dans le fond et dans la forme.

Le style du film est assez surréaliste, certaines scènes évoquent du Bunuel, notamment les yeux qui s’ouvrent dans les tétons (on peut aussi penser à Dali) ou le mélange sexe, mort et religion (« des mots qui font rêveeeeeeeeeeer »). Le point de vue est celui des personnages, on saute de l’un à l’autre comme dans une joyeuse orgie (eh oui, il y en a même une, ce qui est assez facile avec deux bisexuels (Percy et George) , un homo refoulé (John), une folle lubrique (Claire) et une militante de l’amour libre (Mary)).

 

Voyons d’abord qui sont ces personnages ou plutôt ce que Russel en fait. Première observation : ils sont tous fous, mais alors complètement, boivent du laudanum à la bouteille et se font des farces d’un goût douteux, la moins folle est Mary Shelley, c’est aussi la plus chiante, donc nous l’expédierons vite : traumatisée par une fauche couche qui revient souvent dans ses visions (pas de façon gore, je rassure les âmes sensibles), sentiment maternel très fort, peur de perdre Percy, peur de Byron dont elle réprouve les pratiques (mais qui saura fort bien la contourner et la percer à jour) toutes ses angoisses se trouvent être de forts justes pressentiments.

Honneur aux femmes, poursuivons donc avec Claire, demi-sœur et peut-être plus de Mary (le triolisme Percy-Claire-Mary est très clairement envisagé), qui mène en quelque sorte la sarabande infernale : folle de sexe et de Byron (et du sexe de Byron), gamine enjouée aux yeux brillant, c’est à mon avis le personnage le plus sympathique de la soirée, les idées de mal, de mesquinerie, vengeance etc… celles de morale, de convenance, de normalité semblent lui être totalement étrangères, elle rit, elle hurle, elle est possédée. Et l’heureux possesseur est…

Byron himself, LA classe ultime, qui en plus a le bon goût de ressembler, dans le film, à un metalleux des années 80, ce qui ne gâche rien (d’où le titre de l’article), il a une tendance certaine à se pendre pour le diable, mais quand va mourir à 36 ans devant Missolonghi, on peut se permettre cet orgueil, cruel, sadien parfois mais sensiblissime et beaucoup plus sensé que Miss Mary la rabat-joie il agit en maître despotique avant d’être dépassé par les évènements (là je résiste à grand peine à la tentation de vous décrire un scène purement jouissive, mais poursuivons d’abord la présentation de cette maison de lunatiques), il ne se sépare jamais d’une ménagerie quelque peu loufoque (ce qui n’est pas pour rassurer sur ses mœurs) et plie ses domestiques à ses fantasmes (enfin, surtout « Justine » dont le nom n’est pas innocent).

Percy, imbibé de Laudanum jusqu’à l’os a pour passe temps favori de se balader à poil sur le toit en plein orage, aux milieu des éclairs, pour se la jouer Prométhée, il rêve de tétons en forme d’yeux et lutte désespérément contre un sommeil dont il craint de ne plus jamais se réveiller.

Last but not least, dans cette gradation de la folie, le docteur Polidori que Russel n’a pas loupé (l’original a du faire moult loopings dans son cercueil) : un gros chauve, homo refoulé car élevé (et sûrement plus si affinité vues les séquelles psychologiques) dans une institutions religieuse rigoriste, nourrissant une passion immonde pour les sangsues qu’il impose quotidiennement à son ami avec lequel s’esquisse une relation sado-masochiste. C’est un homme du phantasme et de l’onanisme, d’autant plus pervers qu’il se contient toujours sans passer à l’acte, vil et répugnant, il représente la morale dévoyée.

 

Je vous laisse imaginer ce que ces cinq détraqués sublimes vont rêver et réaliser lors de ces heures d’angoisse. Le film se compose de tableaux et de scènes à valeur esthétique ou symbolique, toujours farcies de références (après avoir vu Tommy du même réalisateur, je me demande s’il ne s’agit pas d’une marque propre à Russel) : les ombres, les spectres en armures (cf les romans de Walpole), Prométhée et le vol du feu céleste, une anti-madone, la grange mystérieuse aux vieilles calèches et aux poupées drapées de toiles d’araignées, le labyrinthe, la banshee ou sorcière à cheval, le tableau de Füssli Le Cauchemar, les masses grouillantes, le visqueux. Deux scènes retiennent particulièrement mon attention : séparées par une cloison, les chambres de Polidori et de Claire que Byron vient visiter, dans la première, le docteur en chemise et corser blanc, sans perruque sur son lit surmonté d’un crucifix, dans la seconde, les ébats du couple dont les gémissements troublent Polidori. Ce dernier fait glisser le crucifix, dévoilant le clou, pointe dehors, sur lequel il repose : à chaque hurlement de Claire, Polidori enfonce sa paume ouverte sur le clou satisfaisant ses désirs dans la douleur. Le hurlements s’arrêtent, Polidori contemple les stigmates de sa perversion tandis que Byron relève sa tête de l’entrejambe de Claire, bouche et menton ensanglantés (et là, on a vraiment envie de lui sauter dessus !!!). Une des dernières scènes : Claire, possédée, entraîne Byron et les deux Shelley dans la cave où, nue et magnifique, elle se traîne et rampe dans la boue, sauvagement échevelée, prend un rat entre les dents puis s’accroche à une grille de fer en hurlant faisant hurler la grille.

 

Il y a plein d’autres choses tout aussi excitantes à y découvrir donc, cinéphiles, gothophiles, byronophiles romantiques et décadents, néo-surréalistes et poètes de tout poil, allez vite découvrir cette merveille à l’Accattone, en le louant chez Vidéosphère (boulevard St Michel) ou, si vous avez la chance inestimable de me côtoyer dans l’univers préparationnaire, empruntez-moi le DVD.

Partager cet article
Repost0
27 août 2007 1 27 /08 /août /2007 23:17

Amis du soir (et de la pleine lune, aouououh !) bonsoir, bonne chasse, bonne baston ou bonne baise, c’est selon…

J’ai un peu déserté ces temps ci pour cause de transformation de l’étage de ma maison en annexe de Cayssiole (l’asile de lunatiques, tiens, on y revient, du nord Aveyron) avec trois folles hurlantes et tapant du pied, puis rencontres d’Aubrac (il y aura un article là-dessus, et ci-dessus d’ailleurs).

 

Mais avant d’accueillir les hordes magnoludoviciennes (ben oui, une horde, ils étaient deux, enfin, avec un chien, ça fait trois, plus deux sanglier, cinq…) j’ai découvert un film ultra culte que tout le monde me conseillait mais que je n’avais jamais eu l’occasion de voir : A CLOCKWORK ORANGE, parce que c’est tellement plus style de parler Anglais (en Allemand pour les goths…), bon, vous auriez deviné le titre français de ce petit bijou aux merveilleux engrenages : Orange Mécanique !

 

Tout d’abord, brisons les mythes : Non, ça n’est pas violent, du moins visuellement parlant, on a vu pire (ou mieux…) depuis : aucun meurtre, pas d’armes à feu, toutes les bastons sont très esthétiques (surtout celle dans le vieux casino au début). La violence serait morale… voir… Il y a bien sûr l’évidente question du libre arbitre, que toute critique soulève comme une devotchka effarouchée (la question, pas le critique, enfin je compte sur vos esprits tordus pour avoir saisi), avec l’aumônier comme porte parole.

 

Je résume le synopsis au cas ou vous ne l’auriez pas vu : Alex, un jeune homme (17 ans dans le film, 14 dans le livre) s’amuse avec ses droogies à fiche un bordel noir (c'est-à-dire une partouse anarchique) en violant et frappant (comme Thorfin le Pourfendeur…) cloches et intellos chtarbés (à noter, ils sont tous complètement secoués dans ce film, pas un de net, ce qui atténue un peu la dite « violence » : aucun n’est entièrement pur et innocent). Un jour il se fait choper et se porte volontaire pour un traitement de choc (mais aucun rapport avec Brad-Asshole et Janet Vice) qui lui permettra de sortir plus vite ce prison. Le traitement repose sur une utilisation des réflexes pavloviens pour associer une impression d’angoisse mortelle et de nausée avec le sexe et la violence (plus la neuvième de Beethoven mais ça c’est le bug de la Matrice…), du coup, ils en font un automate (une « orange mécanique », argot cockney qui pourrait se traduire par « mec chelou »…si seulement St Denis c’était la banlieue de Londres…) non pas bon mais incapable de mal, ce qui n’est pas la même chose puisque la bonté repose sur le choix, tout comme l’humanité, bref, déshumanisation d’Alex, mais ne vous inquiétez pas pour lui, ça s’arrange !

 

J’y vois pour ma part, en outre, quelque chose de Kierkegaardien à propos des stades esthétique et moral (enfin, je ne connais de Kierkegaard que ce que mon prof de philo à bien voulu m’en dire dans sa grande entreprise de désinformation soviéto-maçonique en alliance avec le FBI et les yakuza) : je ne crois pas qu’il y ait quoi que ce soit de choquant, malsain etc… dans la conduite d’Alex et ses camardes, ils n’ont pas de morale, sont dépourvus des notions de Bien et de Mal et vivent dans un univers purement esthétique (pour ma la jouer moraliste moderne je pourrais dire que c’est encore vrai pour beaucoup de « délinquants » de nos jours, question d’éducation, blablabla…), le roman de l’écrivain catholique Burgess illustre dans son dernier chapitre le passage du stade esthétique au stade éthique.

Donc s’il faut juger ce film, c’est à mon avis plus sur l’esthétique que sur la morale, et là, c’est putainnement karacho ! Le Korova milk bar est complètement psychédélique, étrange, tripant, fascinant, puis la scène d’affrontement des bandes, grandiose et génialement chorégraphiée, l’appartement délirant et pop de l’auteur subversif et de sa femme qui bouquine dans un genre de niche barbarellienne vêtue d’une combinaison rouge à même la peau, les sublimes visions d’Alex en écoutant la neuvième de Beethoven, le serpent et le vagin etc... chaque image (ou presque) est une splendeur, un style grandiose. La musique est la trame même du film, elle provoque les visions et les délires, tantôt apaise tantôt provoque, la caractérisation du pouvoir de la musique, la définition qu’en donne Kubrick est la plus juste que jamais je n’aie trouvée dans aucune prose ni poésie. Et puis la joie qui imprègne ce film, qui empêche le sordide, le mesquin, le calculé, c’est ce que j’avais ressenti en lisant La Chanson de Roland, ce que mon prof de Français appelle « l’esthétique du génocide joyeux ». Les coups portés sont dansants, la violence a un visage d’enfant espiègle.

 

A ce propos venons-en au personnage principal, que je voudrais défendre ici en deux mots, plus ressentis que logiquement fondés. C’est un gros morceau (la défense hein, bande de petites perverses !) donc allons-y franco (à défaut d’y aller mussolini, que les Italiens me pardonnent) : il me fait penser à Peter Pan (boum, c’est sorti, c’est con mais je m’en vas expliquer). La cruauté de l’enfant, sa joie (chanter « Singing in the rain » en dévastant une maison et violant la maîtresse…), son espièglerie bravache, une sorte de revendication anarchiste dans l’ordre gris des adultes, les blagues potaches dignes d’un taupin… cela me semble rapprocher les deux personnages tout aussi amoraux l’un et l’autre. Je vois dans ce film un pied de nez de la jeunesse indomptée à l’Ordre totalitaire, uniformisant, normatif. Un éclair (cruel et sanglant certes) de joie dans un monde morne, une fulgurance (hehe…) de jouissance au pays des soviétiques frigides. Une des plus belle scène étant le passage à tabac d’Alex par les flics lors de son interrogatoire : un flic vindicatif, les traits durs, viril, force Alex à s’abaisser en appuyant sur une plaie vive qu’il porte au visage, humiliation donc. Dans la pièce fermée, trois flics dont le bourreau, la situation est sans espoir et pourtant dans un geste vain et sublime, Alex empoigne les testicules du flic, lui infligeant une douloureuse TCH (Torsion de Couilles à la Hussarde) : c’est gratuit, stupide diront certains, ça ne fait qu’empirer les choses, mais c’est beau, c’est la jeunesse éternellement contestataire, la révolte, le refus de se résigner, l’acte gratuit… Il y a bien d’autres scènes de ce genre, citons entre autres, dans les secondes qui suivent, un regard plein de mépris et de fierté pour le porc pervers qui vient de lui cracher au visage, et, à la fin, le foutage de gueule absolument jouissif consistant à se faire nourrir par le ministre de l’Intérieur en lui mastiquent aux oreilles et surtout en se fichant totalement de son agitprop ! Dernière comparaison, celle du dandy, Alex me semble une sorte d’Oscar Wilde de l’ultra violence, professant l’Art pour l’Art, la jouissance du moment, l’élégance amorale. Et enfin l’humour que Kubrick à donné à son film et son héros, avec la scène de triolisme frénétique sur fond de Guillaume Tell de Rossini et bien d’autres tout aussi poilantes.

 

Voilou, fin de ce long, fastidieux et polémique article. Si vous n’êtes pas d’accord, le débat est ouvert. En attendant (re)regardez Orange Mécanique, et surtout, amusez-vous bien...

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : roter Schnee
  • : Wer kichert so grell durch Nebel und Nacht ? Die Herlekin ist 's, die seht und lacht...
  • Contact

Profil

  • Hellequine d'Olt
  • Tous les insensés vagissements de ce blog sont la propriété exclusive d'Hellequine d'Olt (à savoir ma pomme, la rédactrice). Toute reproduction (hormis une brève citation en précisant la source et l'auteur) sans mon autorisation est interdite.
  • Tous les insensés vagissements de ce blog sont la propriété exclusive d'Hellequine d'Olt (à savoir ma pomme, la rédactrice). Toute reproduction (hormis une brève citation en précisant la source et l'auteur) sans mon autorisation est interdite.

Recherche

Archives