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8 mai 2008 4 08 /05 /mai /2008 15:22

Pour une fois, la khâgneuse médiévale est sortie de son antre poussiéreux pour aller voir (tenez vous bien) un film le jour de sa sortie !!! (c’est la première fois depuis le Seigneur des Anneaux, pour lequel j’avais réservé plusieurs mois à l’avance, mais osef) Il me paraît donc impérieux d’en faire hic et nunc, enfin, surtout nunc, la critique. J’étais tombée par hasard sur l’affiche, représentant une jeune fille bonde et mimi tout plein dans un bain moussant dont la blancheur cessait après quelques cm de bulles pour faire place à d’inquiétantes (zet humides) ténèbre, le sous titre « chaque rose à ses épines » (pas d’une originalité ni d’une nouveauté extraordinaire, mais passons), les commentaires de divers journaux (une comédie politiquement incorrecte, humour noir etc…) mais surtout le titre, Teeth (pour une fois que je ne vous fait pas poireauter un paragraphe entier avant de lâcher le titre !) me plurent tout de suite. Et puis une intuition (féminine, huhuhu), vu la fille, le bain, le noir, la rose, les dents : c’est une histoire de vagin denté ! Hier, je me renseigne, et bingo, c’est bien ça ! Non, ne partez pas, je vois déjà l’idée pernicieuse qui sournoisement s’insinue dans vos esprits : ça n’est pas du teenmovie bien gras et lourd, ni un film porno, oui, c’est un thème vu, revu, ressassé depuis la nuit (vaginale ?) des temps, et justement, c’est comme cela que c’est, très intelligemment, traité : comme un mythe, le mythe des mystères de la sexualité féminine, l’interdit par excellence qui s’incarne dans les Etats-Unis modernes et prouvent que les mentalités n’ont en rien évolué (on y parle aussi d’évolution, à propos) et que depuis que l’Homme existe, la femelle éprouve toujours son sexe comme une chose étrangère à elle, voire dangereuse, le mâle comme une chose tout aussi dangereuse, à vaincre, dominer, prendre.

 

Mais commençons par le portrait particulier de ce mythe universel : Dawn est une jeune vierge de 16 ou 17 ans (8I8 ceci est un papillon) qui vit avec sa mère, gravement malade, son beau père, homme fort sympathique, et le fils de ce dernier (Brad, au moins je sais pourquoi j’ai retenu son prénom… mais pas de Janet à l’horizon, triste…), jeune homme perturbé, violent, mais qui a l’extrême bon goût d’écouter du métal à longueur de journée, ce qui garantit une excellente bande son ! La première scène présente le traumatisme originel de Brad : les deux enfants jouent dans une piscine, Brad refuse d’accepter Dawn comme une sœur (on sent, et on sait plus tard, mais c’est tellement évident que ça ne gâche rien que de le dévoiler ici, que c’est parce qu’il l’aime et la désire et ce nouveau statut empêche toute relation amoureuse entre eux), comme souvent le font les jeunes enfants, ils se montrent leurs sexes (on ne le voit pas) quand soudain Brad pousse un cri retentissant et sort de l’eau, le bout de l’index profondément tailladé. Depuis ce jour, il va développer une terreur devant le vagin et la femme en général qu’il domine (c’est le cas de le dire) en traitant ses petites amies comme des chiennes (il en a d’ailleurs une, un rotweiler de combat appelée Mother car il n’en a pas, de mère), leur imposant des pratiques sexuelles excluant toute pénétration vaginale (je ne vais pas vous faire un dessin non plus, bande de pervers !) une fois encore, on ne voit rien de choquant, on entend, on voit l’avant et l’après, le film reste très pudique. Dawn, elle, bien que sa famille ne l’ai visiblement pas orientée dans cette voie là, est une fervente prédicatrice pour l’abstinence et la virginité jusqu’au mariage, elle multiplie les conférences dans les lycées, appuyée par pasteurs et groupes de cathé, engageant garçons et filles à faire une promesse solennelle de chasteté avant le mariage qu’ils matérialisent par une bague rouge à l’annulaire qu’ils n’ôteront que pour la remplacer par l’alliance d’or. C’est au cours d’une de ces conférences qu’elle rencontre un jeune homme duquel elle tombe amoureuse (et c’est réciproque) et sent en elle s’éveiller les premiers désirs sexuels.

C’est l’occasion pour un public européen de découvrir autrement que par des documentaires une Amérique profonde (le film est tourné au Texas) où les profs de biologie qui exposent les thèses darwiniennes se heurtent aux convictions de leurs élèves, où des collégiens récitent par cœur avec une misogynie tout à fait inconsciente les versets de la Genèse concernant Adam et Eve (la côte d’Adam, le serpent, tout ça…) avant de se déchaîner sur de la pop, où ce sont les jeunes qui militent et défendent des valeurs traditionalistes dont les parents n’ont cure, où se mêlent violence, armes à feu, chiens de combat, déviances sexuelles et angélisme béat, rêves de princesse à 17 ans dans une chambre de petite fille (ceci est du rose!), où dans les livres d’anatomie, la page « vagin » est cachée par un énorme autocollant. Il y a aussi la « couleur locale » de la nature, des sorties qui sûrement sont encrées dans le quotidien des jeunes américains mais peu pratiquées en France : par exemple aller entre amis découvrir des lieux secrets et idylliques en forêt, se baigner dans des mares inconnues, tout ce rapport confiant à la nature dont témoignent de nombreux films (d’horreur, car la nature se révèle moins amis que les jeunes n’auraient cru) américains, ainsi que des BD comme Black Hole et qui me paraît faire défaut aux jeunes Français. C’est l’occasions de scènes d’une grande beauté, très touchantes auxquelles ont pourra peut-être reprocher un symbolisme trop évident. Mais ce défaut, présent dans tout le film qui veut maladroitement prouver que non, ça n’est pas un simple film drôle et crado, mais qu’il soulève un problème millénaire ancré dans la culture universelle, peut tourner au jeu : allez le voir entre amis et amusez-vous à repérer tous les symboles freudiens ou mythologiques : ils sont pléthore et insérés avec plus ou moins de finesse ! De la grotte derrière la cascade au Jardin d’Eden, en passant par Méduse et quelques vanités (fort bien réussies soit dit en passant), le film fourmille de références.

Mais le plus intéressant reste le rapport de Dawn à son sexe, cette chose mystérieuse, dont personne ne lui a jamais parlé, qui reste LE tabou majeur, l’Innomable (il y a quelque chose de lovecraftien dans ce sexe androphage et insaisissable). Si le cas de Dawn est particulier à cause de son milieu et de son absence totale d’éducation sexuelle, toutes les vierges et celles qui se souviennent encore de ce temps là pourront se retrouver dans ses angoisses, en effet, pour la femme, le sexe n’est jamais, comme pour l’homme, quelque chose d’immédiat, elle ne l’ont pas dans la main à chaque fois qu’elles veulent pisser, elles ne peuvent le voir, et ce qu’elles en voient peut leur sembler répugant. Or ce sexe (si l’on considère tout l’appareil reproductif dans son ensemble) s’impose douloureusement à elle (je signale à mes chers lecteurs, qu’ils ne peuvent même pas imaginer les proportions que peuvent prendre les règles chez certaines filles, ni la douleur atroce qu’elles leur infligent, et doute qu’ils puissent en supporter autant) lui empêche certaines activités, bref, s’affirme en elle comme une altérité, comme quelque chose de vivant indépendamment de sa volonté, d’où le thème du monstre, du démon (dans de très nombreuses mythologies). C’est ce que signifie l’image du vagin denté de Dawn, qu’elle ressent comme une présence impure (par ses désirs) en elle. Or au cours du film, elle va apprendre à l’apprivoiser, à le maîtriser, à se l’approprier, et finalement à en faire une arme, à le considérer comme un don merveilleux comme un pouvoir. Ce qui représente l’apprentissage de la sexualité par la jeune fille ( 8I8 autre papillon). En effet, le premier rapport sexuel de Dawn est presque un viol, il lui est violemment imposé, et son vagin réagit en arrachant le pénis de son « agresseur », puis c’est un gynécologue qui la manipule sans délicatesse ni égards, malgré ses protestations et sa douleur, et qui y laisse quatre doigts, jusqu’à ce qu’elle découvre que lors d’un rapport doux, respectueux de sa personne et soucieux de son plaisir, sa « vagina dentata » se révèle parfaitement innofensive, et que finalement elle prenne les commandes de ce « mécanisme » et s’en serve pour se venger de ceux qui lui on fait du mal. En revanche, je déconseillerais le film aux jeunes gens vierges qui, s’ils ne prennent assez de recul, pourraient être gênés dans leurs futures relations avec le sexe féminin. (et là, du bleu)

 

Enfin, Teeth outre une très belle illustration de l’appropriation de son sexe par une jeune fille, est une comédie mordante et jouissive (oui, c’est nul, mais depuis le temps, j’espère que vous ne comptez plus sur moi pour faire des jeux de mots fins), avec de la bonne musiques, des scènes hilarantes (par exemple lorsque la jeune fille pure, en virginale robe blanche se relève du lit fatal, jambes écartées et que le pénis de sa victime choit lamentablement à terre) ce qu’il faut d’hémoglobine (pour une fois que quelque chose de bon sort d’une bite !) pour assaisonner le tout. Bref, pour vous mesdemoiselles (8I8, troisième papillon), c’est un devoir que d’aller voir ce film (votre sexualité ne s’en portera que mieux), pour vous mesdames, la jouissance sera double, pour vous messieurs, vous y apprendrez à ne pas vous conduire en mufles et à respecter le plaisir féminin, pour vous mesdamoiseaux… euh… il y a Iron Man aussi…

Alors, femmes modernes,filles de Lilith, prenez contrôle du pouvoir qui est en vous !!!

PS: non, Skychounette, je ne fiche pas de toi, voici un os à ronger, tu l'auras, ton dessin rose et bleu avec des papillons et des fleurs!

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commentaires

£
Et j'ajouterais que les "choses" ne sont pas toujours fripées et violacées. (Et heureusement)<br /> <br /> Et que au fait, chuis pas très attirée par la masturbation féminine personnellement (que ça soit au canard ou au téléphone). Bref tout le monde s'en fout (a)
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M
<br /> <br /> euh.... c'est tt de même pas mal inesthétique comme chose!<br /> et moi non plus, suis pas interessée, y'a que Skychounette qui est interessée visiblement!<br /> <br /> <br /> <br />
£
Je l'ai vu \o/<br /> <br /> C'est génial :D <br /> La fin m'a fait mourir de rire. hum xD
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M
<br /> contente que ça te plaise!!!! \o/<br /> <br /> <br />
F
Visiblement non puisqu'elle veut se marier, et tu as dit toi-même qu'à la fin elle couche avec des mecs de son plein gré.<br /> En plus, elle ça ne compte pas puisque vu comme tu la décris elle a l'air de ne pas être au courant qu'il existe autre chose que le vagin et l'utérus...
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M
<br /> je voulais dire, Dawn avant le film! Et si ça compte, vu qu'elle ne cherchait (au début) pas à savoir et que cela ne l'interessait pas du tt (comme moi)<br /> <br /> <br />
F
T'es nulle. ;p<br /> Y'a qu'à toi que ça répugne. (et à Morgan, mais ceci est une autre histoire^^)
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M
<br /> et alors! ça ne me dérange pas d'être la seule répugnée (et j'ai Dawn de mon côté, na!)<br /> <br /> <br />
F
C'est simple, ça vibre et ton clitoris aime ça. Rien de sorcier... (essaie avec un portable, d'après Lathanel c'est chouette aussi). ;p
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M
<br /> beeeeeeeeurk!!!! ça ne va pas! loin de moi l'idée même de fréquenter ce genre d'endroits répugnants! (faut pas croire que la vision de ce film m'a métamorphosée hein!)<br /> <br /> <br />

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