Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 décembre 2007 3 19 /12 /décembre /2007 15:04

En première, ma prof d’Anglais qui aimait à soulever « some fundamental issues », la délicieuse Mme Caro (pour ceux qui connaissent) nous a fait lire Heart of Darkness de Joseph Conrad. Roman qui m’a beaucoup plus par son ambiance, sa façon de rendre présent le souffle moite de la forêt du Congo, ses abîmes de ténèbres, ses secrets, ses monstres, de confronter le héros à ses propres ténèbres et monstres à la recherche d’un homme qui s’est voulu libre et tout puissant dans une sorte de folie nietzschéenne. En regardant un DVD loué pour combler une soirée de « révisions de Concours Blanc » je me suis dit toutes les cinq minutes « Rhôoo, c’est exactement l’histoire de Heart of Darkness ! En plus, le gars, y s’appelle Kurtz aussi, rhô mais le plagiat eh ! et puis en plus il y a des phrases, que c’est mot pour mot du Conrad, rhôo mais c’est dingue eh ! ». Mais mise à part une magistrale adaptation du roman de Conrad, il est tout de même super chouette, ce film, qui m’a parfois rappelé Kubrick pour le côté trip à l’acide plus que pour la guerre du Vietnam. Il m’a donné envie de retrouver ce vieux (enfin, pas tant que ça tout de même) bouquin dans ma bibliothèque, et en lisant la quatrième de couverture _que je n’avais jamais lue, puisque de toute façon, il fallait lire le livre, autant plonger les yeux fermés_ oh surprise ! J’apprends que this novel avait été bathement adaptated by Francis Ford Coppola in his super cool deadly kinky film (c’était pas vraiment écrit comme ça mais en gros c’était le contenu) APOCALYPSE  NOW.

 

Persuadée que j’étais la dernière ghlandue de la planète à découvrir ce film, je ne m’apprêtais pas à y aller de ma petite critique, mais visiblement les cinéphiles aware de ce qui se passe dans le monde l’avaient vu il y a tellement longtemps qu’ils ne s’en souviennent plus du tout, trop bête hein ! Mais uneseule a eu le courage d’avouer que non, elle ne l’avait pas vu. Donc, spéciale dédicace à Lathanel qui en plus à eu l’amabilité (ou la politesse) de se marrer lors de mon explication. Je vais essayer de vous la faire (la critique) linéaire pour une fois, et pas découpée (NON, bande de vicelards, je ne veux pas me faire une critique horizontalement plutôt que de la découper selon ma louable habitude de psychopathe).

 

Donc c’est un capitaine (Willard ou un truc dans le genre) qui se faich’ comme un rat mort à Saïgon en attendant une mission. Un yankee of course. Atmosphère de déréliction moite qui monte au cerveau par les nerfs moisis, excès d’alcool, pétage de plombs languide et sang sur les draps. Enfin la mission arrive : il s’agit de liquider le colonel Kurtz. Carrière brillante, destiné à l’Etat Major, le colonel a brusquement (ou frusquement ^ ^) changé de comportement lors de la campagne vietnamienne et pris de plus en plus d’autonomie jusqu’à mener des opérations de son propre chef, avec ses hommes qui le vénèrent comme un dieu, il mène sa propre guerre, traquant les Viets jusqu’au Cambodge. Les derniers messages reçus semblent prouver qu’il n’est plus temps de le soigner à l’ellébore. A la fois poétique et absurde, il évoque ses rêves d’un escargot qui rampe sur une lame de rasoir, et qui survit, d’une voix lasse. Image très significative du mélange de langueur, d’avachissement, de tiédeur humide et de cruauté qui imprègne tout le film, on ne sait si les hommes se ruent à la mort comme des loups pour secouer toute cette moiteur mollassonne insupportable ou s’ils s’y vautrent pour oublier les atrocité qu’ils commettent.

Quoi qu’il en soit « la mission n’existe pas et n’existera jamais » mais notre sympathique capitaine est contraint de l’accepter. Il s’embarque à bord d’un rafiot de l’armée à l’équipage prometteur en catastrophes : an guise de « soldats » un navigateur noir taciturne (Philips), un cuistot de la Nouvelle Orléans que l’on appelle « Chef » et qui parle Français, deux ados, un jeune Noir de 17 ans, surnommé Clean, mais qui ne l’est ni dans sa tête ni dans son corps (surshooté), excité comme une puce, et un surfer, Lance, connu de toute la côte ouest, contemplatif sous acide qui porte une vision esthétique sur le monde et sur lui-même.

Tout ce beau monde s’embarque, bien résolu (sauf le capitaine) à ne pas se battre, à remonter tranquillement la rivière jusqu’au Cambodge, ne sachant pas pourquoi mais tuant le temps en explorant les paysages psychédéliques des paradis artificiels. Les rencontres vont se succéder, croissant dans l’horreur à mesure qu’ils remontent la rivière.

 

Le colonel surfer : pour passer un point chaud tenu par les Viets, les marins d’eau douce on besoin d’une couverture aérienne, la « cavalerie » du colonel Killgore (au nom doux aux oreilles comme le sang frais du matin). La rencontre à lieu dans un village qui vient d’être bombardé, du sang, des flammes, du napalm, de la tripaille et des feu de Bengale, au milieu des vagissements, le colonel distribue des cartes à jouer aux cadavres, les « cartes de la mort » (on se croirait dans un manga tout pourri !). Puis se précipite sur Lance qu’il admire depuis longtemps avec d’autres surfers du régiment sans se soucier le moins du monde de la mission de Willard. La guerre est pour ces hommes un vaste terrain de jeu, la seule loi étant celle du chef charismatique. Le lendemain, scène d’anthologie dont tout le monde à entendu parler et qui m’a pas mal déçue : bombardement d’un village Viet sur fond de chevauchée de la Walkyrie. Au passage, le message politique : regardez comme ce petit village vietnamien est calme est paisible (en fait il y a des mitrailleuses planquées partout), oh les petits écoliers en uniforme ! oh les belles jeunes filles en hao sai (ortho incertaine) ! oh le calme, la paix, l’harmonie ! puis boum, le vilain Wagner qui représente la barbarie de l’occident prétendant universaliser ses valeurs et qui rapproche les ricains des nazis. Et re boum, les gros avions pas beaux. Et surboum les bombes pas gentilles ! N’empêche, on se marre bien, c’est dégueulassement bien foutu : on voit la paix, on ne peux pas ne pas admirer l’harmonie du village, mais on ne peut pas non plus ne pas trouver ces Walkyries modernes puissamment bombantes (c’est le cas de le dire), et en même temps, la paix n’était que de la vieille propagande communiste, cause il y a des kalach par en dessous. Donc en fait z’est zuper zuptil, ach ! On a la totale : du surf sur les vagues pendant le bombardement, le lyrisme du parfum « victorieux » du Napalm par Killgore, les répliques qui tuent du grand gamin qui veut s’amuser sur sa planche mais le napalm fait tout foirer, et merde ! Evidemment que les bombes c’est un truc de gros bœufs lâches, mais bon, tout de même, cette division wagnérienne est bandante en diable ! La fin est tout à fait grand guignolesque, nous sommes dans une mascarade absurde, l’horreur clownesque : Lance et Willard se précipitent in extremis sur le bateau en piquant sa planche à Killgore qui les traque pendant plusieurs jours en réclamant sa planche, fuck it was a good one, par messages aériens.

 

Grandeur et décadence des bunnies : Bon, je sais pas si c’est vraiment dans l’ordre, mais le fait est que les passagers de l’Amiral Bragueton débarquent dans une base où l’on attend un show donné par le magazine Play Boy sur une estrade flottante « au grand kitsch américain ». Les playmates teasent les boys et là, c’est le drame : overdose générale de testostérone, émeute, les filles se sauvent en hélico et des petits malins tentent de les y suivre (mais ça rate), pendant ce temps là, l’équipage fait le plein de carburant et de came. Les deux camps suivant sont une représentation boschienne du chaos. Dans le premier, sous la mousson et pataugeant dans une bouillie visqueuse, les hommes sans chef sont livrés à eux-mêmes tandis que les playmates font les putes dans l’hélico méchamment cradossé, on atteint l’apogée de la misère morale. Dans le second, c’est le summun de la violence, dans des tranchées au milieu des feux de Bengale multicolores on s’entre tue dans l’anarchie la plus totale (à ce propos je me suis rendue compte que les Etats-Unis étaient en fait non pas un avatar de la dictature capitaliste tentaculaire mondiale mais un puissant facteur d’anarchie chaotique : la preuve au Vietnam, en Afghanistan, en Irak. En fait, les Etats-Unis sont dirigés dans l’ombre par des adorateurs de Khali, de Parachourama et de Lilith réunis don’t le but est de répandre le feu et l’ombre (aaaaargh un balrog !) sur terre. Donc en fait y sont kkkool ! Mais chut, ne le répétez pas, c’est ultra secret, méga esotérique tout ça…). On ne sait plus où est l’ennemi, s’il est là, mais on éjacule de la mitraille à grandes rafales. Et au milieu de tout ça Lance promène un sourire ahuri de LSD qui lui sort par les yeux, wouh la belle rouge (non, pas une vietkong à oilpé !) ooooh la belle bleue, extaaaaase !

Dans le genre comique on a aussi un paisible bateau viet qui descend la rivière avec plein de beaux fruits exotiques à bord, Clean qui se tape un bad trip et/ou une remontée de testostéro-adrénaline et qui nous descend tout ça en hurlant comme un malade d’une bonne rafale sans se rendre compte que ces machins ça tue pour de vrai. Resultat, sur une demi dizaine de Viets, un seul survivant planqué dans un bidon : un petit chiot adorable adopté par Lance.

 

Luxe, calme et volupté : les Français. Un passage très étonnant, à tel point que l’on se demande s’il ne s’agit pas d’un rêve halluciné de Willard. L’équipage débarque au milieu des brumes dans une propriété hors du temps, zone neutre au milieu de l’horreur et du carnage : le plantation d’hévéa d’une dynastie de colons français. Les lumières crépusculaires sont magnifiques, l’atmosphère de la jungle qui était débauche, avachissement et délabrement chez les yankees devient subtilité, sensualité, volupté. Le clan de Marais relève pour une part du fantasme américain lié aux visions de la France : élégance, conservatisme culturel, arguties politiques, fierté et indépendance, séduction, mais également d’une connaissance fine (pour un américain) de l’esprit français avec un humour accessible seulement aux francophiles (« communiste ! non, socialiste ! communiste je te dis ! de toute façon, pour Papa, Mendès France est un communiste… »). Le discours politique tenu est une très juste analyse de la situation, les paroles les plus profondes et les plus spirituelles de tout le film, il témoigne d’un très grand intérêt de la part de Coppola pour la culture et l’histoire française et constitue un excellent document sur l’histoire coloniale, la mentalité coloniale etc… Bref, ce passage est une ode à la France, juste, belle, assez émouvante.

 

Le bouquet final : Kurtz. Après des jours de navigations sous la pluie, la mitraille, dans le fantômes de la brume, les fumerolles multicolores et les spectres du LSD les trois matelots (comme diraient les Bretons) _les deux Noirs sont morts_ sont accueillis par une population hagarde, un journaliste qui s’est perdu sur la route de Katmandou , des cadavres pendus aux arbres (« c’est quoi le truc qui pend là bas » dixit Rose, mais pas devant le film, enfin passons), des têtes qui ornent les marches d’un temple envahi par la jungle (sympa comme déco, ça peut être une idée pour Noël : accrochez des têtes réduites à votre sapin, et les têtes coupées, dans un jardin, c’est franchement mieux que les nains, les lions-lions ou les putti en plâtre). Bienvenu chez le colonel Kurtz ! Je ne vous raconte pas la fin tout de même. Quelques mises en bouche esthétiques : l’Angkor fantasmé de tous les aventuriers, avec le gourou charismatique et cruel, nietzschéen au possible (il va falloir que j’arrête d’employer l’adjectif « nietzschéen » comme synonyme de bien, tripant, chouette, bath, bandant, bombant, trop d’la mort qui tue, enfin, académiquement, ça passe mieux), du sang partout, sur les murs, sur les marches, dans les arbres. Silence, contemplation, fascination. Fêtes que l’on se plaît à imaginer orgiaques, mises à mort.

Partager cet article
Repost0

commentaires

L
Pendant les vacances, une réservation de 4 heures (sur mes heures de glandouille (a)) s'impose. =)<br /> Bon, je viens de me rendre compte -avec horreur, oui oui- qu'il y avait des articles que je n'avais pas (encore) lus *pâle*...<br /> Et puis aussi : ton explication était inimitable -et c'est pour ça que je me marre toujours en y repensant- puisque tu mimais ;P<br /> Breffeuh, c'est pas comme si j'étais en khâgne, j'ai du boulot, moi ^^
Répondre
M
Rhâa, et ben enjoy le reste alors!oui, c'est sûr qu'en IRL c'est mieux vu que j'ai contracté la coutume méridionale de mon père de parler avec les mains (et pas que d'ailleurs)"j'ai bcp de boulot" écrivit-elle sur internet ... mouarf ^^

Présentation

  • : roter Schnee
  • : Wer kichert so grell durch Nebel und Nacht ? Die Herlekin ist 's, die seht und lacht...
  • Contact

Profil

  • Hellequine d'Olt
  • Tous les insensés vagissements de ce blog sont la propriété exclusive d'Hellequine d'Olt (à savoir ma pomme, la rédactrice). Toute reproduction (hormis une brève citation en précisant la source et l'auteur) sans mon autorisation est interdite.
  • Tous les insensés vagissements de ce blog sont la propriété exclusive d'Hellequine d'Olt (à savoir ma pomme, la rédactrice). Toute reproduction (hormis une brève citation en précisant la source et l'auteur) sans mon autorisation est interdite.

Recherche

Archives