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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 10:58

Comme vous pouvez le voir, même si je n’ai pas fait de liste (et pourquoi pas un journal intime tant que nous y sommes, pfff…) j’ai pris au moins une bonne résolution pour l’année du dragon d’eau (pourquoi a-t-il fallu que je me coltine le dragon le plus pourri, sérieusement ? 88 dragon de TERRE >_< mais non NON ! c’est sensé être épique un dragon, avoir la classe, pas être un vieux plouc chtonien, non non non ! bon, ceci dit,  au moins j’ai évité le bois…) : celle d’écrire plus d’articles ici et surtout des articles plus COURTS : quand on se met à avoir la flemme de relire ses vieux articles parce que tldr, c’est qu’il y a un sérieux problème de logorrhée… Et pour inaugurer cette résolution je me lance dans un article sur… A Song Of Ice And Fire ! youpi, soyons maso !

            Si vous trainez vous yeux ici, ça m’étonnerait beaucoup que vous soyez tout à fait innocent dans le domaine : soit vous me connaissez IRL ou sur le net et ça fait des mois que je vous les brise avec ça, soit vous êtes quand même un peu geek/otak/goth/rôliste et normalement qqn dans vôtre entourage vous en a déjà parlé, peut être sous le nom du « Trône de Fer » ou « Game of Thrones » qui sont les noms VF et VO du premier tome de la série et de son adaptation télévisuelle sur HBO. Mais de toute façon je n’écris cet article que pour pouvoir le balancer au gens qui me demandent de quoi il s’agit parce que j’en ai marre d’expliquer pour la 15eme fois…

            A Song Of Ice And Fire (ASOIAF pour faire court) est une série de heroic fantasy écrite par George Raymond Richard Martin (GRRM pour la plupart, Grrrrrr pour moi) et publiée à partir de 1996 (merci wiki). Elle comporte 7 tomes dont 5 sont parus, le dernier l’année dernière. C’est à mon sens le meilleur ouvrage de fantasy que j’aie pu lire depuis Tolkien bien que les deux n’entrent pas du tout dans la même catégorie. Il ne s’agit pas avec ASOIAF de fantasy « classique » avec abondance d’elfes, nains, dragons, sorciers etc… dont l’existence est posée là, comme une évidence : nous ne sommes plus dans l’ère de la magie, ni dans celle des merveilles, ni même dans celle des héros, cependant tout cela subsiste à l’état de traces endormies ou oubliées. Oui il y a des créatures merveilleuses, des sorcières et prêtres aux étranges pouvoirs mais cela n’est pas donné pour acquis, on le découvre au fur et à mesure, du point de vue d’humains pour qui tout cela appartient à des légendes anciennes. Imaginez un roman historique, avec ses guerres, ses intrigues politiques, ses romances ET sous tout cela, de la magie et des polarités cosmiques (glace et feu, nuit et lumière). Mais cela, bien qu’intéressant, ne fait pas la valeur d’une série de romans, ce qui distingue clairement ASOIAF dans le monde de la littérature épique et de la littérature en général est :
_ la diversité des points de vue : chaque chapitre est narré à travers le regard d’un des personnages, ses idéaux, ses désirs, son ton, son âge ; ce qui entraîne une diversité de registres de langue des plus amusantes et réalistes
_ la beauté des descriptions, quand l’auteur échappe laisse son personnage pour faire jaillir dans l’esprit du lecteur des paysages fascinants, mystérieux, inquiétants et sublimes et sa puissance d’évocation qui fait tantôt sourire devant la tendresse ou la joie innocente, tantôt frémir d’horreur devant des scènes de boucherie répugnante
_ le refus absolu du manichéisme, des grosses ficelles de narration, des situations prévisibles : tout ce qui nous est présenté ne l’est jamais qu’à travers la subjectivité d’un personnage, non seulement les évènements les font évoluer, mais en plus nôtre compréhension de leurs motivations change au fur et à mesure de nôtre avancée dans les romans, ainsi les actes d’un personnages peuvent nous sembler irrationnels et monstrueux jusqu’à ce que l’on entrevoie la partie immergée de l’iceberg ; rien n’est stable dans ce monde, les héros meurent, les innocents sont mutilés, les injustices ne sont pas réparées… comme dans le nôtre !
_ la richesse et la complexité de l’univers représenté, ses civilisations, sa géopolitique, ses religions et leurs lutes d’influence…
_ la variété extrême des scènes, des genres : on passe de l’épopée à la politique, de l’intérêt personnel aux idéaux, de la belle camaraderie aux pires bassesses, de la chevalerie brigande à l’érotisme le plus torride, de la dévotion âpre au pire sacrilège… l’auteur ne recule devant RIEN : cannibalisme, inceste, viols, épidémies, déchéance, sacrilège…

On pourra cependant reprocher une certaine facilité du langage grossier/de corps de garde : autant c’est parfois nécessaire et bien venu dans la bouche de soudards, autant l’obscénité, les "fuck ", "bugger" et autres "cunt" sont un peu trop omniprésents, comme si l’auteur forçait sur le gingembre, de peur que l’on trouve son plat insipide, alors que le plat en question n’en a nul besoin mais fort heureusement n’en pâtit pas trop. Les civilisations décrites sont également parfois trop semblables à leurs modèles historiques : les Dothraki sont tellement mongols qu’il m’arrive de lire « Gengis Kahn » au lieu de Khal Drogo, la civilisation de Dorne est tellement arabo/orientale que l’on a forcément des images de pur sang à la face concave en tête, de danse du ventre et de charmeurs de serpents (mais c’est aussi plus que cela, en tout cas, vues les mœurs, c’est pré-islamique), heureusement que les Greyjoys ont les cheveux noirs de jais sinon ça serait l’énorme cliché des gros vikings, Pentos est grecque (surtout Illyrio Mopatis, rien que le nom…) Braavos est Venise, Volantis est Malte/Chypre enfin parfois c’est un poil trop obvious… MAIS tout cela est compensé par le délire total que représentent les villes de Qarth (un peu indienne, cela dit) et de la Slavers Bay (ultra mésopotamienne, mais en version total WTF), où c’est tellement n’importe quoi qu’on se croirait dans les Voyages de Valerian et Laureline…

Mais tout cela est bien peu de chose face au mérite principal d’ ASOIAF : être l’ultime roman d’initiation pour tout jeune adulte/ adolescent ! non pas que la série se destine à ce public, non, mais l’enseignement qu’elle apporte, sur la vie, sur l’histoire, sur l’humanité et la politique est fondamental. Et le tout sans idéologie, ce que je hais plus que tout en littérature et en art en général : on ne nous dit pas d’être bon, d’être relativiste, de ne pas avoir d’idéaux, de ne croire en rien, on ne nous dit pas d’être tolérant et d’aimer tout le monde, non… on nous parle de la vie, de la mort, de la souffrance, des hommes brisés, des honnêtes crapules, de la banalité du mal, du prix de la liberté et du confort de l’esclavage, du jeu politique… et ce sans jamais dire que telle chose est bonne et telle autre mauvaise, sans aucune moraline, sans nous dire que telle route est la bonne. Comme je le disais à une amie, ces livres m’ont plus appris sur l’écriture de l’Histoire que Veyne, sur la fabrication des héros, sur la manipulation du peuple que 1984, sur l’horreur de la guerre pour le civils que tout ce que j’ai pu lire sur 14/18 et sur les guerres de 30 ans… Ces livres nous apprennent à être des hommes sans tuer l’enfant en nous, décillent nos yeux sans désenchantement, comme si les philosophes latins et pragmatiques et les moralistes baroques avaient enrobé leurs enseignements du miel de l’épopée et de l’aventure.

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commentaires

M
<br /> Juste un frère de la Garde de Nuit curieux de tes talents évidents d'écriture, qui a atterri là, et a été conquit par ton article sur le livre. Merci d'avoir su trouver les mots et exprimer<br /> pourquoi cette saga a pris une telle importance dans mon monde. La fin de ton article m'a presque donné des frissons !<br /> <br /> <br /> Bonne continuation, je viendrai jeter un coup d'oeil de temps à autre.<br />
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D
<br /> <br /> Oh! merci tellement pour ce commentaire :) je suis contente que ça se soit bien passé sur le forum, parfois je pars un peu trop dans tous les sens ou déconne trop trop vite et ça agace les gens,<br /> surtout de la part d'une nouvelle... <br /> <br /> Du coup j'ai relu l'article, c'est tout de même un peu catastrophique niveau fautes de frappe, et vas-y que j'oublie la ponctuation, et parfois même des mots (ou alors j'ai du commencer ma phrase<br /> sur une idée et la continuer sur une autre, mais à la relecture c'est très WTF ^ ^) je devrais faire plus gaffe et me relire au moins >_

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