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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 13:33

Ça doit être la tombée annuelle du classement de Shanghai, ou celui de Sarcelles, ou je ne sais quelle autre liste décroissante d’établissements universitaires et préparationnaires mais les journaux, d’après leurs unes affichées dans le métro ou sur les kiosques, ne parlent que de ça. Ils viennent même, tels un Poutine chassant le Tchétchène, me traquer jusque dans les toilettes ou Leviathan déposa il y a quelques jours un numéro du Monde à mon intention, pour que je lui donne, me demanda-t-elle avec un regard plein de pré-culpabilité, mon avis sur la question. Avis que dans ma folle prétention je ne trouve pas trop inutile de vous faire partager, ô mes trois lecteurs qui vous battez en duel, histoire de rompre un peu avec le discours global de journaleux qui ont sans doute vu de loin les prépas de la Sainte Montagne en se disant qu’elles étaient trop vertes et bonnes pour des goujats…

On peut donc lire que les prépas et surtout les horrrrriiiiiiibles boîtes à Khonkours de la Montagne Sacrée (qui n’a rien à envier à celle de Jodo’, niveau WTF) Hell’Elgë et Ash-Khâtre pour ne pas les nommer sont des milieux anxiogènes où les pauvres petits bons élèves issus des classes moyennes ou du moins non bourdieusiènement héritiers n’ont aucune chance de survie face aux spectres de l’anorexie, de la dépression, du suicide et surtout des horribles professeurs-seurs-seurs avec leurs manteaux en cuir et leur tête de mort en insigne (et je ne parle même pas des bergers allemands !). Et là je dis STOP LE BULLSHIT ! Ce genre d’article suinte la haine des élites totalement démagogue et surtout la méconnaissance totale du milieu : j’ai passé mon école et collège dans un lycée ultra disciplinaire et élitiste du 6eme arrondissement qui a le bon goût de ne pas se trouver très loin des Korean Barbecue de Montparnasse ni de sa Fnac, puis le lycée et la prépa à Hell-Elgë avant une brève visite à Ash-Khâtre histoire de compléter ma collection, so I know my business, bitches ! Et là vous allez me dire : ouais mais justement, ma cocotte, dans le genre suicidaire/morrbido/gotho-dévianto/maldensapo, tu te poses là… Eh bien oui, et c’est justement pour ça que je peux vous dire, ayant collectionné presque avec délice les clichés de la prépateuse en perdition, que cela n’a RIEN à voir avec l’atmosphère de la prépa, mais alors rien du tout.

            Oui il y a beaucoup de dépressifs, de gens bizarres, d’anorexiques, des lesbiennes, de gays, de mystiques, de futures nonnes, de sado-masochistes en prépa, mais ça n’est pas la PREPA qui les fait sortir du droit chemin hétéro-patriarcho-consuméro-normé (et en léger surpoids) c’est l’étude, ce sont LES études, et inversement, c’est cette sensibilité, ce déséquilibre qui nous pousse aux études et à la prépa, qui est une sorte de naos des études : plus nous apprenons, plus nous réfléchissons, plus nous passons 6h d’affilée le cul sur une chaise à nous livrer sans honte au cerebronanisme et à la diptèrophilie, plus nôtre esprit explore l’extrême, plus nous nous enhardissons à regarder en face les abîmes, la béance (spéciale dédicace GG ! what’s up dog ? alètheia forever !) de … oui bon ok là je sens que je m’excite un poil et que cet article va finir par être complètement jargoneux et lyrique, ce qui n’est pas le but. Donc en gros, plus on réfléchit, plus rôde dans les Marches de la Folie, et plus on est naturellement déviant, plus on est porté à réfléchir, à étudier le pourquoi du comment des gens qui étaient comme nous avant nous, les courants esthétiques qui nous ressemblent… cercle vicieux donc, MAIS jouissif, de façon un peu morbide parfois parce qu’au risque de revêtir ma cape de Captain Obvious, l’apprentissage n’est pas source de bonheur, plus on réfléchit plus on déprime et heureux les aveugles dans leur caverne : réfléchir est la pire chose qu’on puisse imposer à un Homme pour briser sa tranquillité et sa stabilité en mille morceaux. Donc pour résumer, oui, on est dans un état étrange et plus proche du New Hampshire que de l’Ohio (à savoir le Massachussets), mais ça n’est pas la PREPA c’est l’étude qui fait ça, et en ce domaine, oui, la prépa est plus dangereuse que la fac, parce que chacun sait qu’à la fac on passe vaguement son temps à raider/aller en soirées/peindre des figurines/faire des JdR (rayez les mentions inutiles) qu’à étudier, ou alors vaguement avant les partiels histoire de recracher grosso modo ce que l’on sait être attendu. Le truc vicieux avec la prépa c’est qu’on vous FORCE à réfléchir, même si on fout que dalle à la maison (ce qui fut, hélas, mon cas, le démon de l’acédie ayant fait de mon âme sa résidence secondaire) on est très régulièrement amenés à passer des khôlles, ou des DANS et là, pas moyen de s’y dérober : on est là, on bosse ! En général, on veut quand même un peu intégrer, donc on va plus souvent au cours que non et hop, même si on se bouche très fort les oreilles, il y a un moment où on en vient fatalement à étudier…

            Soit disant que l’atmosphère serait exécrable, élitiste, stressante… bullshit once again ! je ne dis pas qu’à Ash-khâtre ça n’était pas un peu morose, certes, mais pas plus que n’importe quelle école, quand à Hell-elgë, là c’était très clairement la fête officielle du fundoshi quasiment H24 : liberté, délires, bonne ambiance, déjà au lycée c’était extra, mais encore plus en prépa où nous sommes les « trésors » du bahut qui veut des bons résultats au Khonkours et nous chouchoute en conséquence. L’administration est vingt fois plus supportable que celle de la Sorbonne (sauf le pôle Malesherbes section études germaniques qui a l’administration la plus adorable, la plus digne d’éloges, la plus efficace et sympathique du monde, du cosmos, des 7 mers et du reste), les locaux sont frais, modernes, agréables, des voyages sont régulièrement organisés, et l’immense majorité des profs sont également à nos petits soins, compréhensifs, maternels et paternels… bon, évidemment, comme partout il y a de francs connards qui ne font au final que renforcer la cohésion du groupe à force de haine à leur égard, mais au final les bon côtés contrebalancent largement l’aura funeste de ces tristes sires. Oui, ces connards ont pu traumatiser des élèves, mais quel lycée, quelle fac, quel collège n’a pas son lot d’infâmes castrateurs sans cervelle ni réelles connaissances (et qui traitent cependant leurs élèves comme de la merde, youpi !) ? à Hell-Elgë nous n’en avions que deux, ce qui est bien moins que la moyenne des établissements scolaires…

Et quid de la camaraderie ? la compétition domine-t-elle ? fait elle ressembler la classe à une annexe de Battle Royale ? ne peut on pas laisser ses notes sur la table de peur de ne jamais les retrouver en revenant des toilettes ? Nawak, nawak et triple nawak : mes années de lycée et prépa à Hell-Elgë ont été celles qui m’ont fait découvrir le sens des mots camaraderie, soutient, esprit de corps : c’est bien l’entraide qui prédomine, et l’entraide désintéressée : on ne se voit pas comme des concurrents mais plus comme les Spartiates aux Thermopyles, prêts à se battre ensemble, à triompher ensemble ou échouer ensemble. Après, comme pour les profs, nulle promotion n’est parfaite : il y a forcément la brochette d’arrivistes lèche-culs qui ne pensent qu’à réussir et ont un prétention sans borne, ainsi que le petit groupe de filles, souvent alliées à ladite brochette, qui ne vivent que pour colporter des ragots aussi laids que leurs faces de thons (oui, je m’énerve un peu là) mais ça fait quoi ? 7 pommes pourries sur une classe de 50, tout au plus…

            Donc j’aimerais bien que les journalistes arrêtent de véhiculer des légendes urbaines, de donner au public moyen ce qu’il veut entendre, sur les prépas comme sur les goth, les rôlistes ou les metaleux, de cultiver une répugnante haine des élites. La prépa peut réveiller en nous, à force de réflexion, des démons qui sommeillaient, des fêlures enfouies mais en aucun cas elle ne les suscite, ceux qui prétendent ça n’ont tout simplement pas l’honnêteté de voir que leurs problèmes étaient en eux AVANT, qu’il doivent les régler ou les accepter eux même au lieu de s’en prendre à une instance extérieure.

La réussite aux concours n’est pas réservée aux héritiers : plusieurs de mes camarades issus de classes moyennes ont intégré, je ne m’hasarderais pas à des pourcentages, mais je ne pense pas qu’ils soient minorité, la réussite aux concours ne sanctionne pas non plus une plus grande culture ou une plus grande intelligence : si des jeunes prépateux, taupins, khâgneux ou épiciers me lisent, sachez que la réussite au concours ne tient qu’à deux choses : l’organisation et le travail ! Ce qui demande en plus une troisième chose, pour accepter les deux premières : la modestie. Vous pouvez commencer avec un niveau TRES faible et intégrer en carré avec pour seules armes l’organisation et le travail comme vous pouvez commencer avec des résultats qui poutrent et vous viander au concours parce que vous n’avez jamais pris sur vous de vous sortir les doigts du c. un grand coup.
Enfin, ça n’est pas forcément en prépa que j’ai rencontré les meilleurs profs (ce qui fait la réussite d’une prépa, ça n’est pas le prof, c’est l’élève et son travail, un mauvais prof peut avoir de meilleurs résultats au concours parce que ses élèves auront du coup beaucoup plus travaillé par eux même, ne lui faisant pas confiance, qu’un bon prof sur lequel les élèves se seront reposés) mais c’est là où j’ai rencontré mes meilleurs amis et camarades et vécu le plus de moments totalement absurdes, improvisés et joyeux.
Faites passer le mot si vous connaissez des personnes en prépa où qui comptent y aller : la prépa ne fait que vous révéler à vous-même, elle n’est pas à craindre, elle est toujours un enrichissement. 

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