Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 janvier 2009 7 18 /01 /janvier /2009 16:31
 

Cela faisait des mois que je l’attendais, comme pour Noël, toute la joie résidait dans les préparatifs, s’habiller, en parler, prévoir «tu penses qu’il y aura ça ? et ça ? ohlala, ça va être géniaaaaal ! ». Comme Noël, on y est entré vers 23h, parées, excitées à l’idée de voir les nœuds savants des guirlandes, les poids faisant ployer les branches, les invités savourer les délices trouvés dans les bottes, mais surtout par l’appréhension, car ça n’était pas la Messe de Minuit qui nous faisait nous dépêcher à cette heure tardive place de Clichy le 11 Décembre 2008, sur des talons de 12 cm (mais pas aiguille cette fois, plutôt grosse bourrinade en métal) dissimulant cuir et latex sous un long manteau noir d’où ne sortait de lesdites New Rock, le collier à piques de 5 cm et la face outrageusement maquillée de noir, c’était ZE rendez vous de la scène SM fetish française auquel nous nous rendions, une amie que nous nommerons fort bucoliquement Lilith la Tigresse pour préserver son incognito, parce que sinon elle risque de se faire harceler par tous les paparazzi, soumis et talent scouts de la planète, ou pire, de se faire inscrire sur la liste Vieilles Pies du Baron, Lilith la Tigresse donc (encore undercover) et moi (full dressed, à se faire retourner les braves gens dans le métro), guidées par un intérêt PUREMENT SOCIOLOGIQUE, non mais ! par l’envie d’observer un milieu inconnu qui m’attire quelque peu esthétiquement parlant (SEULEMENT esthétiquement, merci de noter au passage) vers les portes de la Loco derrière lesquelles se tenait… La Nuit Démonia (tadzaaam) !


Bon, maintenant que j’ai assuré l’intro (un peu irreligieusement, certes, que l’on me pardonne), reprenons cette aventure dans une optique plus chronologique ! Tout commence par quelques lectures peu recommandables, puis une idée lancée : et si nous allions voir à la Nuit Démonia ce que ces gens font vraiment, qui sont ils, quelle ambiance y a-t-il, quelle musique y écoute-t-on etc… outre le fait que cela m’excitait follement de me déguiser en personnage tout droit sorti de fantasmes Ledroitiens (voir l’article sur Requiem). Nous partîmes donc à trois explorer la boutique Démonia où je m’étais déjà rendue quelques mois auparavant « pour voir ». Trois filles, trois khâgneuses ou ex-khâgneuses en goguette dans le Jardin des Piqûres (rhô, ça va, depuis le temps que je voulais la caser celle-là !). La boutique Démonia se trouve rue Jean Aicard, qui est perpendiculaire à la rue Oberkampf, metro Parmentier, ou Oberkampf, c’est un vaste sex-shop SM dans une ambiance tout sauf malsaine et glauque : c’est spacieux, branché sur Nostalgie ou je ne sais quelle radio gentiment beaufouille et pas du tout inquiétante (pas de la dark electro teutonne avec claquements de fouet en rythme, ni du death metal, des trucs zarbouillo-satanistes malgré le nom de la boutique), les vendeurs sont habillés on ne peut plus normalement, sont très très sympa et d’excellent conseil. Il y a un coin vinyle, un coin latex, un coin accessoires SM (fouets, martinets, badines, menottes et pour le reste je ne détaille pas trop non plus car ça n’est guère décent), un coin librairie (pas que du porno s’il vous plait ! de la littérature, de la socio (même si on peut considérer la socio comme la pornographie de l’université, je vais encore me faire des amis, hihi) etc…), un coin vidéo (porno pour le coup), un coin sex toys qui m’en a appris plus sur l’anatomie humaine que tous mes cours de bio ! (et sur les remarquables capacités réceptives de certains orifices, mais arrêtons nous là, enfin, tout de même, c’est assez impressionnant !), un coin bijoux en latex (pas mal du tout). Nous squattâmes une cabine à trois (je n’ose imaginer ce qui a du traverser le déviant cortex des clients en entendant les gloussements qui sortaient de ladite cabine) pendant toute une après midi, un samedi qui plus est, c’est dire si les vendeuses sont sympa ! D’autant plus que nous essayâmes à peu près tout le magasin (sauf les sex toys et les accessoires SM, ça va de soi !) avec force commentaires « oh mon Dieu, on dirait miss travlo 2008 » (moi, essayant un top qui mettait en valeur mon incroyable néant mammaire) « aaaargh, je suis coincée, sortez moi de là » « là c’est un poil vulgaire » (naaaaan ?! pas poss’ ?!) « là tu ressembles à Zorro » « hey, ça fait trop Darth Vader » « c’est horrible, je ressemble à un gros vers » (moi, dans un en haut en latex très couvrant et très moulant) «oh, merde, je l’ai mis à l’envers _ non mademoiselle, ça se porte comme ça _ mais la braguette ? _ précisemment ! _Aaaaargh ! » Après avoir essayé une robe chinoise en faux cuir, une veste en latex, une robe à la Marilyn Monroe en matière non identifiable, des tas de jupes et robes en vinyle, des pantalons en vinyle, des bottines à 15 cm de talon aiguille, des chaussons de danse de torture, des soutifs en vinyle (dix fois trop grands), des hauts en faux cuir etc. etc. etc… nous nous décidâmes à prendre nos places pour la soirée et un haut en latex à laçage devant (dans le style Xena) avec l’indispensable lait d’entretien pour moi, une robe über sexy mais pas trop courte (enfin, moins qu’une ceinture !) à trois boucles devant et en vinyle noir pour Lilith la Tigresse (bon, certes, il claque ce pseudo, mais c’est un poil longuet) avec un petit blouson en vinyle rouge très chic !

Et puis le grand jour est venu, celui que nous attendions toutes ! Nous nous sommes fardées et coiffées chez moi (pour Lilith cheveux libres, dégradé classe, robe de chez Démonia, bottines à talon aiguille (au demeurant vite troquées pour des ballerines plus confortables) pour moi total look Xena, frange épaisse et queue de cheval très haute, pantalon cuir à laçage, haut de chez Démonia, New Rocks de la mort qui tue (surtout le porte monnaie), poignets de force, collier à piques. La Tigresse (ouais, j’alterne par ce que sinon, on est pas rendus!) enfile un jean sous sa robe, un pull par-dessus, un manteau une écharpe et hop, ni vue ni connue, je t’embrouille, pour ma part, le long manteau de cuir noir ne faisait qu’empirer les choses… Dans le métro, nous apercevons un jeune homme pas trop mal de sa personne, cheveux longs et bruns, fut en cuir, gros sac : il en est, ce qui se confirme lorsqu’il nous regarde avec le même regard soupçonneux que nous avions porté sur lui : premier soulagement, il n’y aura pas que de vieux pervers moches ! Arrivées place de Clichy, négligeant que le boulevard du même nom forme un coude, nous nous paumons lamentablement et échouons sur un pont qui surplombe un cimetière, ce qui n’a rien pour me déplaire si ce n’est que deux filles dont une anormalement haute, trop maquillées, à 23h près de la place Clichy sous un réverbère, c’est très craignos, il vaut mieux filer fissa. Par chance nous tombons sur un fort galant escadron de la NSDAP en vadrouille (la youle, le Lonsdale et tutti quanti) qui nous remet dans le droit chemin (géographiquement s’entend). Après avoir doublé quelques groupes porteurs de talons hauts, gros sacs d’accessoires et longs manteaux en courant et riant comme des folles nous arrivons devant la Loco, filons au vestiaire déposer nos affaires et commençons à observer…


Il me semble assez inutile de vous faire une description exhaustive de la chose, ne me dites pas que vous ignorez le « A.I. aille » des fringues et attitudes SM, pour les innocents (mouais, à d’autres !) regardez Matrix 3 (mais pas la fin, surtout pas la fin, ouhlala, pas la fin !), section échange d’otages et diplomatie musclée chez le Mérovingien. Le dress code était assez rudimentaire : le bas (le fut, la jupe, la robe, le string, le harnais etc…) devait être soit en cuir, soit en latex, soit en vinyle (ce qui soit dit en passant envoie valser l’intellectualisme idéal prêté à la scène : ce qui intéresse, c’est le cul, la croupe, l’animalité, bonjour l’élévation suprasensuelle, Sewerin s’en retourne dans la blancheur de ses pages !). Moins extravagant que dans Matrix tout de même, enfin, moins goth’ et plus sensuel, c'est-à-dire moins de pics et de looks cyber punk, plus de pin ups. C’est le moment d’élaborer un plan, sinon nous risquons de nous perdre dans ce pandémonium, on va dire 1 l’organisation et les lieux, 2 la clientèle, 3 l’ambiance et les rencontres faites.

L’organisateur, qui avait sans doute développé ses déviances en khâgne, avait choisi de diviser la Loco en … trois atmosphères (certes, le fait que la salle ait trois étages l’avait sans doute quelque peu inspiré). Au sous sol, différents stands (comme à la kermesse, chic !), un atelier shibari, un masseur de pieds, un dessinateur italien (un peu à la , en moins grassouille, en plus classe, mais pas trash pour un sou, ce qui fait du bien parfois !) l’association Stand Up et un studio photos pour ceux qui étaient particulièrement fiers de leurs costumes. Au rez de chaussée, la piste de danse, le bar, des canapés et alcôves pour un petit fist fucking en loucedé (vu !) et le donjon derrière le rideau de scène (il ne s’y passait pas grand-chose, la plupart des gens pratiquaient un peu partout, ne voyant pas de raison pour se planquer derrière un rideau puisque tout le monde était potentiellement interessé, déviant, voyeur, désireux de participer etc… Des shows se déroulèrent sur scène jusqu’à minuit, rien de choquant, quelques pantomimes mais beaucoup de costumes impressionnants, surtout lors des défilés de mode, puis hop, on balance la musique et la soirée ressemble alors à n’importe quelle boîte, sauf que les gens sont habillés bizarre, voir pas habillés du tout et beaucoup plus respectueux qu’en boîte. A l’étage, le coin plus « cosy » avec resto (immonde bouffe asiat’ industrialo-glauquy, pour rien au monde je n’en aurais humecté mes lèvres !), expo d’art fetish (photos, peintures), musique douce et papote généralisée, c’était aussi le coin drague (mais pas cul) et le coin drogue (d’après ce que l’on m’a dit car je n’ai pas vu la moindre seringue, le moindre rail, le moindre cacheton).

La faune qui évoluait en ses lieux avait un age moyen de 45 ans, et encore, je crois que je les rajeunis un poil. Commençons par le hideux et réservons nous le meilleur pour la fin. Lilith eut une expression fort juste « c’est tellement moche que ça pique les yeux », et en effet, voir des vieux harnachés de cuir, organes génitaux exhibés, remuant leur fesses flasques et pendantes à de quoi rendre Bridget Jones anorexique, l’horreur, c’était que c’était une sorte d’uniforme pour les vieux. Au musée des horreurs, la créature la plus immonde jamais aperçue : une femme, vieille, grosse, sale, cheveux gras et défaits, habillée de loques répugnantes, un détritus des égouts, un immondice sur pattes, à la voir pouvait présumer d’une odeur fétide. Ce qui fausse l’appréciation est l’usage de certains soumis de se dégrader volontairement, de se présenter comme des déchets, comme des résidus d’asile psychiatrique, comme des étrons ambulants pour exciter le dégoût, la haine, l’envie de frapper. Citons aussi des travlos massifs et ventrus, de vieilles peau en montrant trop (de peau). Mais ces laideurs étaient minorités et le regard s’attachait plutôt aux reines de la soirée (dans tous les sens du mot « queen ») : de jeunes mannequins fetish arborant d’extravagantes toilettes, de fières dominatrices dont la classe imposait le respect autant que le fouet, de très beaux travestis (dont on ne pouvait deviner le sexe qu'à la voix), l'une en robe fourreau de latex, couleur écaille de poisson, portée sur talons aiguille transparents, ça ne ressemblait ni à un personnage lovecraftien, ni à un poisson d'argent géant (ce qui revient à peu près au même), une autre en costume de flapper très fitzgeraldienne (en latex, bien sûr), une troisième portant une robe d'inspiration chinoise noire outrageusement fendue, une, enfin, arborant la classe ultime des années 50, en noir et blanc, teint de porcelaine, coiffée d'un chignon brun impeccablement serré, très « parisienne », mentionnons surtout un groupe de jeunes gens d'une beauté et d'une classe foudroyantes que nous eûmes la joie d'avoir sous les yeux un certain temps dans le « salon de thé »: du pur yaoi (edit postérieure, si j'ose dire, huhuhu, point de yaoi car les bishônen en question ne sont point homo comme nous l'avions d'abord cru, réjouissez vous mesdames et tressaillez d'allégresse!) fantasmatique! Au fil de la soirée, certaines renoncèrent à tout artifice (hormis les talons hauts) et dansèrent en tenue d'Eve, d'autres revenant de s'être faites encordée préférèrent cette parure à tout autre costume. Pour le croustillant de la chose, n'oublions pas deux créatures lourdement enchaînées et entravées, entièrement couvertes de latex ou vinyle qui déambulaient, aveugles, telles des archo-flagellants post modernes. Un groupe de jeunes gens et filles rencontrés au studio photo (où nous ne posâmes pas, notre anonymité n'étant pas assurée par un quelconque masque, et lorsque l'une de nous, ou les deux, deviendra une célèbre politicienne, de telles images auraient pu faire désordre) semblaient sortir tout droit d'un manga: costumes cyber punk, New Rocks excessivement compensées, coiffures ayant du nécessiter au bas mot 10 pots de gel pour le groupe, costume de french maid ou de guerrière futuriste, eux avaient pensé aux masques, inspirés du théâtre No, qui leur donnaient un air spectral du meilleur effet.

La musique était des plus éclectiques, passant des classiques de discothèque aux classiques de boums (un grand moment: hurler l'Aventurier en chœur avec de joyeux trentenaires envinylés, combinaison rouge pour madame) sans oublier le punk, le metal (yeah! hélas, point de pogo!) et Nirvana!!!! Du coup je passai le clair de mon temps à me déchaîner (c'est le cas de le dire, huhuhu) sur la piste aux sons les plus bourrins tandis que Lilith socialisait à l'étage. Il faut dire qu'en temps normal, les relations humaines ne sont point mon fort, alors imaginez le désastre au milieu d'une horde (pour ne pas dire de LA Horde, quoique je ne vis point de Tauren, enfin passons) de déviants plus ou moins pervers: dés que l'on s'adressait à moi, surtout s'il s'agissait d'un individu manifestement du sexe opposé (masculin donc, pour ceux qui se posent des questions), j'hurlais NON! Surtout si la question commençait pas « est-ce que... », certes certains étaient attirés par la perspective d'un commerce charnel (les pauvres fous!) mais je pense aussi avoir férocement débouté des propositions plus innocentes (du style « pourriez vous garder mas place? M'indiquer tel stand? Éviter de m'écraser les pieds avec vos New Rocks? Me prendre en photo avec cet appareil? Etc...) mais tant pis pour eux, il ne fallait pas m'adresser la parole, point! Cependant j'eus le plaisir de voir que les personnes qui étaient manifestement intéressées par une petite séance de domination se montraient fort polies devant mon refus et ne paraissaient plus jamais devant mes yeux, ce qui est fort appréciable et autrement plus courtois que l'attitude de gros lourds de discothèque, qui pour être moins déviants, sont infiniment moins respectueux. L'ambiance générale était donc à la courtoisie entre adultes consentant, nous déambulions dans un gigantesque porno en direct sans que personne ne nous pousse à participer. Vous l'auriez deviné, malgré son effrayant pseudo, Lilith la Tigresse était la miss Relations Publiques du duo. C'est grâce à elle que nous rencontrâmes un homme que je crois pouvoir dire de bon conseil, ayant traversé les expériences les plus mortifères et délétères, en revenant avec quelques difficultés pour nous prévenir d'éventuels dangers liés aux milieux alternatifs sans jamais pour autant nous faire la morale. Bien sur, il y avait dans son discours à prendre et à laisser, mais il est toujours enrichissant d'écouter quelqu'un qui a beaucoup vécu, beaucoup vu et est assez généreux pour nous en faire part sans pour autant se mettre en avant. La Tigresse, moins farouche que votre servante, resta longtemps à s'entretenir avec lui (et en profita même pour se faire lécher le pied par un soumis qui passait par là et que je trouvais couché à ses pieds, faisant obstacle entre la banquette et moi lorsque je revins d'un petit tour de piste, préférant lui infliger la torture de la frustration plutôt que celle que son attitude réclamait mais qui m'aurait imposé un contact, ce que je redoutais par dessus tout fut-ce même par semelles interposées, je sautai directement sur la banquette et repliais illico mes jambes sous moi). Un peu plus tard, devant le stand du dessinateur italien, nous rencontrâmes deux jeunes gens qui, miracle, étaient (ou semblaient, qui sait, un bonus +3 en dissimulation est fort traitre) un peu moins pervers et dépravés que la faune locale et, re-miracle, partageaient une culture rôlisto-chaotique et métalleuse qui nous permit de discuter d'autre chose que de fouets, drogues, vinyle, bondage, tatouages et piercings: une oasis de geekitude, nous (enfin, surtout moi) respirions enfin!La boucle fut bouclée lorsque j'appris que la personne qui leur avait procuré des places, petite amie de l'un, amie tout court de l'autre, n'était autre que la vendeuse de chez Démonia qui avait eu jadis tant de patience à nous supporter et avec laquelle je m'étais déchaînée sur Nirvana: la bourrinade, il n'y a que ça de sain!(je trouve que c'est une belle conclusion, donc finissons ci!)

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : roter Schnee
  • : Wer kichert so grell durch Nebel und Nacht ? Die Herlekin ist 's, die seht und lacht...
  • Contact

Profil

  • Hellequine d'Olt
  • Tous les insensés vagissements de ce blog sont la propriété exclusive d'Hellequine d'Olt (à savoir ma pomme, la rédactrice). Toute reproduction (hormis une brève citation en précisant la source et l'auteur) sans mon autorisation est interdite.
  • Tous les insensés vagissements de ce blog sont la propriété exclusive d'Hellequine d'Olt (à savoir ma pomme, la rédactrice). Toute reproduction (hormis une brève citation en précisant la source et l'auteur) sans mon autorisation est interdite.

Recherche

Archives