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19 décembre 2007 3 19 /12 /décembre /2007 19:49

On va parler BD, ça changera des films ! Ceux qui ont le bonheur inestimable (et bien souvent sous estimé tsss tsss) de subir mon auguste carcasse en camp de préparation (on a déjà le K, le Z ne saurait tarder à nous échoir) ont un champ d’attente assez restreint, alors, d’après vous, Rapaces ou, comme l’icône sanglante de mon modèle féminin (voir l’article « Résurrection ») pourrait l’annoncer, Requiem ? Vous vous doutez bien que si je pose ainsi la question, c’est que c’est ni l’un, ni l’autre. Ca se passe dans les années 1930 (donc en plus vous pouvez réviser votre Histoire avec, y’a même une vision queer de Joséphine Baker et le Prince de Galles en petite tenue) dans une institution parisienne où la gent exclusivement féminine est tenue sous haute surveillance par du personnel féminin itou, où règnent une discipline de fer et des rivalités destructrices latentes, où des femmes se morfondent dans une bâtisse aux couloirs labyrinthiques, aux caves mystérieuses, à côté d’une église à usage privé, désaffectée par les fidèles ordinaires mais entretenue scrupuleusement. Une pension de jeunes filles ? Un couvent ? que nenni, un bobinard ! Mais alors un beau-binard ! La cerise sur la crème des lupanars, le poulailler de luxe, le bordel aux draps de soie.

 

J’anticipe les a priori : ça va être une BD de cul, avec des gros plans sur les cambrures, le prétexte fallacieux pour montrer de la cuisse et même de la khuissssssssss. On aperçoit déjà le trait grossier du genre éditions Soleil (rien que le nom est gage de mauvais goût), la complaisance dans le sordide etc… Eh ben non, pas du tout, c’est frais, le trait est net, esthétique et tout sauf vulgaire, un trait maigre, plus maigre que Tintin, un peu comme Le chat du rabin, ou Djinn peut-être (mais là pour le coup c’est du cul !). L’héroïne est une jeune fille sage et stricte, vive, agile, d’où le nom de la série : Miss Pas Touche. Les « filles »… en sont (sauf une, mais je ne vous dit pas qui, enfin, c’est pas très difficile de trouver), mais sans en ajouter des tonnes, pas de pathos, pas de dégoulinant, c’est simple, c’est comme ça. Une BD sur un bordel dont on ne ressort pas l’âme lourde et souillée mais au contraire tout ragaillardit (pas dans un sens gaulois). Donc vous pouvez vous lancer dedans sans crainte, même Marianne et Caroline qui pourrait presque la faire lire aux sœurs de son foyer (presque car il se passe tout de même des choses peu orthodoxes dans l’église dont je doute que des religieuses, toutes modernes et ouvertes _façon de parler non mais oh !_ soient elles goûtent l’esthétisme).

 

Donc, c’est une petite bonne (à tout faire, faut faire gaffe avec des pervers comme vous, ô lecteurs potentiels que je redoute irréels) qui sert une vieille dame avec sa sœur, plus dissipée mais pas une vierge folle non plus, tandis que sévit le « boucher des guinguettes », tueur fou qui découpe des jeunes filles et en éparpille les membres autour des guinguettes. Or une nuit, Blanche (qui est bien l’héroïne et non la cocaïne comme on l’aurait pu croire) entend des bruits étranges dans la mansarde voisine inoccupée (tadadam tadadam tadadaaaaaaam), la nuit suivante, alors que sa sœur (Agathe, mais on s’en fout, elle ne fait pas long feu) est partie danser, elle entend à nouveau des bruits de conversation, gratte une fente dans la cloison et voit au travers deux hommes débitant un cadavre féminin. Terrorisée, elle court attendre sa sœur dans un café de la rue, lui raconte la scène. Entre temps les deux hommes ont vu le trou et ont compris qu’on les avait vu. Les jeunes filles remontent, Blanche refuse de rentrer dans la chambre, Agathe va voir la fente (non, on n’est pas déjà dans le bobinard, je parle de celle du mur of course) et BAM, se prend un plomb dans l’œil. Blanche hurle alerte sa patronne et tout l’immeuble, à son retours « on » a placé le flingue dans la main d’Agathe. Blanche soutient qu’il ne s’agit pas d’un suicide mais d’un meurtre, la vieille dame, la croyant déséquilibrée par le choc, et ne voulant pas garder la sœur d’une suicidée, la renvoie.

Blanche se retrouve à la rue et décide de se venger, elle commence son enquête qui la conduira dans la plus chic des maisons closes parisiennes, un hommage au Chabanais (cité d’ailleurs), au One two two etc… Elle réussit à force de persévérance à intégrer l’ Empire des Nues Salopes (on y revient toujours) et se trouve face à Moniiiiiiiiiiique….euh, non, je m’égare, face à « Madame », plutôt étonnée qu’une fille essaie de s’introduire de force dans son boxon (« d’habitude c’est plutôt l’inverse »), à laquelle elle propose dans avec une ingénuité rafraîchissante de l’engager comme bonne. Finalement elle se retrouve… dominatrice court-vêtu (voilà, on y vient, vous vous disiez aussi…) que les clients n’ont pas le droit de toucher, c’est cette virginité attestée par la visite médicale qui va faire d’elle LA curiosité, l’attraction la plus en vue, la dominatrice la plus recherchée du Tout Paris, d’où le titre du premier tome (il n’y en a que deux) La vierge du bordel (ou qqc dans cette veine, à ce propos, admirez la transition, le second s’intitule Du sang sur les mains pour le cou je suis sûre).

Comme il s’agit d’une enquête, je vous laisse découvrir la fin fort savoureuse. Deux tomes de coups de fouets féroces, amitiés et haines, complicités, meurtres (notre petite Blanche n’a pas froid aux yeux et est bien déterminée à mener à terme sa vengeance) avec des personnages dignes de Balzac, une héroïne qui se bat fort bien, raisonne un peu moins bien, ne se laisse pas marcher sur les pieds, dotée d’un sens aigu de l’amitié, de l’honneur et n’y va pas de main morte pour fouetter le bourgeois. Bref, une héroïne parfaite comme il en existe peu, pas en fait hors Blanche.

                                                    

Pour terminer sur une note féerique, j’ai trouvé ma « Blanche » de référence, quelles «Nérelle » et « Carmine » auront choisi Camille et Maud (je crois que c’était Camille-Nérelle et Maud-Carmine) ?

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