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23 septembre 2016 5 23 /09 /septembre /2016 06:17

[PRECAUTIONS ORATOIRES : une synthèse, par définition, tente d'extraire l'un du multiple. J'ai donc rassemblé ici bien des cas, et, si vous pourrez (vous que je connais IRL et/ou dont je vois passer les affres sur FB) reconnaître des éléments du vôtre, il ne s'agira pas d'une étude particulière. Oui, je pense à toi, toi, toi, toi, et aussi toi, là-bas, non, je ne pense pas qu'à vous, je ne sais pas si cela doit vous rassurer (votre misère est partagée) ou vous inquiéter (vous succombez à peu près tous aux mêmes fantasmes / projections / identifications). Oui, chez chacun en particulier, c'est un peu différent : telle chose ne s'applique pas, telle autre manque. Mon but n'est pas de pontifier ou de faire la leçon, et, si ce qui suit donne cette impression, je m'en excuse. J'espère ne blesser personne et mon plus grand souhait et qu'au moins une image ici ou là puisse vous être d'une quelconque utilité. Si le ton est parfois virulent, ça n'est que parce que je rage de voir des amis souffrir, et surtout tomber tous dans des pièges semblables. Je compte par avance sur vous pour me sortir de ceux dans lesquels je pourrais moi-même tomber.]


Tiens, encore LE sujet dont je suis la moins bien placée au monde pour parler. Mais précisément, mon statut de plus en plus affirmé (ou, comme diraient les Godons, confirmé) de Grand Mère Feuillage coincée dans un corps (encore un peu... relativement... à peu près...) jeune me situe à l'intersection de très nombreuses peines de cœur, ce qui finit par me donner un embryon de vue synthétique sur la chose.

Selon mes observations, le péril par excellence, l'anti-amour, le destructeur de relation est le fantasme. Par fantasme j'entends la projection sur l'autre d'un idéal fictif que l'on alimente de façon hémiplégique en s'auto-excitant :on voit tout ce qui, en l'autre, correspond à cet idéal, on occulte le reste. Idéal qui finit par se substituer à la personne, la cacher, la soustraire à nous, aussi efficacement qu'un mur.
Le second péril est l'absence de dialogue réel (et non de "discours amoureux", qui est toujours un monologue) mais cette absence est liée au fantasme et à la peur de sa destruction : parler de choses concrètes, brutalement littérales, nuit fortement aux images phosphoriques qui hantent nos cœurs.
Donc, premier conseil de Tante Helle' (je dois être une lointaine parente de Frau Holle) : détruisez _ le _ putain _ de _ fantasme. Brisez vos idoles, et accédez à l'être de chair, mortel et imparfait, qu'elles vous dérobaient. Si vous ne pouvez aimer cet être, mettez fin à la relation (sous sa forme amoureuse), si vous le pouvez aimer, qu'il vous soit plus précieux que le plus brillant eidolon.
Mieux vaut l'os de la relique que l'or de la chasse.

J'ai pu constater deux types de rapport au fantasme, que je catégoriserais ainsi :

* le type solaire, tourné vers le futur, optimiste (et béatement aveugle) dont la quête est celle de l'être idéal à venir, du "prince charmant" (ou de la princesse charmante, ou choix). Le souci, c'est que bien souvent, c'est une quête sans fin : on fantasme, on "a trouvé le bon, l'homme de sa vie, l'unique, l'âme sœur, la dulcinée", cela dure autant que le désir, totalement aveugle, puis on déchante (l'Idéal vous a fait-e cocu-e, c'est ballot...). Ou, bien plus dangereux : on fantasme, puis on se pose, l'amour peine en ses métamorphoses (passer de la passion à la complicité), et là, surgit une nouvelle idole... et hop, on suit, phalène inconséquente, le nouveau flambeau, délaissant la veilleuse.
L'avantage est que les personnes entretenant ce rapport au fantasme se remettent vite de leurs chagrins. L'inconvénient est que leurs passions dépassent rarement ce stade, ou que les lendemains déchantent de façon assez brutale, et trop tardive, quand on s'est enchaîné-e à quelque brute qu'on a prise pour un Hercule, ou perdu répandu sang et larmes pour un Don Juan.

* le type lunaire, tourné vers le passé, pessimiste (et nostalgiquement aveugle) dont la quête est celle de l'idéal passé, de l'amour mort pensé comme indépassable. Bref, les gens bloqués sur "un-e ex qui les a tellement fait souffrir / leur a déchiré le cœur / etc etc etc" (j'ai du entendre bien sept ou huit fois ce discours, de mes oreilles, et une bonne dizaine rapporté par ceux qui doivent y faire face _ avec grande lassitude). Chez certains mufles cela devient même une posture pour attirer de la donzelle compatissante à complexe d'infirmière.
Cependant, chez nombre de mes amis souffrant du complexe de Ligeia (invention maison) il s'agit de la même sorte de bovarysme que le fantasme de type solaire : dans un cas on s'aime aimant passionnément, dans l'autre on s'aime déplorant passionnément. On entretient sa douleur avec complaisance en faisant de l'amour passé une Vénus de fer, implacablement destructrice de toute velléité affective. Et cette idéalisation a aussi peu de lien avec la réalité que celle du "prince charmant". Pour avoir vu pas mal de ces ex en question, une réaction s'impose toujours : "tout ça pour... ça ?".

* Les cumulards qui idéalisent successivement tout en ne cessant de déplorer. Y'a du boulot, les mecs...

Après cette petite tentative typologique, voici une bordée de "conseils positifs de Tante Helle" :

* ARRETEZ AVEC LE BOVARYSME. Arrêtez de vous contempler dans le miroir de vos fictions, de vous aimer aimant, de vous trouver classe en Melmoth ou en Jane Eyre, de jouir d'incarner un type Elizabeth Bennet ou Edmond Dantes / Athos. Vous êtes bien plus riches que tout personnage, aussi brillant, héroïque, sombre-est-son-destin soit-il. Votre vie n'est écrite par aucun autre auteur que la Providence que vous seriez avisés de créditer d'un peu plus d'imagination et d'originalité (dans toutes les acceptions du terme) qu'aucun scénariste humain.

* ARRETEZ AVEC LE DOLORISME. Oui, lécher ses plaies, c'est agréable : ça agace la chair, ça pique gentiment, et surtout ça a le goût du sang. Oui, gratter ses croûtes, ça démange. Mais au bout d'un moment, ça peut être une idée que de passer à autre chose, parce que quoi qu'en disent les poètes élégiaques nous ne sommes pas "zu lieben gemacht, zu leiden."
C'est bien ça le problème, avec l'ombre et la douleur : c'est très joli et ça sonne bien wesh-tavu-la-taynaybritude, mais il s'agit de ne pas s'y arrêter par ce que c'est FAUX. C'est théologiquement faux

[Attention christianisme express : Dieu crée l'humanité pour le bonheur. La souffrance advient par le péché originel, elle est conséquence de la chute et épreuve à surmonter, c'est un passage, non un but (pas un "zu"). Il s'agit de l'accepter mais SURTOUT PAS de la rechercher pour elle-même. Ça, c'est autre chose, ça s'appelle du masochisme, c'est très bien aussi, mais ça n'a rien avoir avec la spiritualité merci. Bref, l'humanité est bien crée pour aimer, mais certes pas pour souffrir, et dans le paganisme non plus. Donc, déso' Fredo, c'est bien beau ton truc, ça émeut la ménagère, mais c'est FAUX. Kuss und tschüss. ]

Si l'on s'y arrête, c'est un leurre, un piège de l'Ennemi pour nous garder face contre terre, sanglants et dans l'erreur. Si l'on y reconnaît la beauté, et que l'on poursuit cette étincelle vers le Beau (et Bon et Vrai par la même occasion), alors on pourra dire que la beauté du diable est preuve de la victoire ultime de Dieu. Mais avant, halte au sketch.
Mieux vaut tourner ses yeux vers le ciel qu'admirer le reflet de la lune dans une marre boueuse.

* Brûlez vos idoles. Aucun homme, aucune femme ne mérite soit d'être effacé par la projection de mille qualités qui lui font défaut et dessinent un profil qui n'a que très peu de rapport avec le sien (surtout pour qu'on finisse par lui reprocher de ne pas être ce qu'il/elle n'a jamais eu la prétention d'être), soit d'être toujours dans l'ombre gigantesque qu'une souris projette par déformation (surtout quand la souris en question est objectivement bien moins gâtée par la nature que la personne qu'elle obténèbre). N'attendez pas qu'un autre les brûle pour vous ou de remplacer un fantasme par un autre : défaites vous en vous-même, par la prière, la psycho-thérapie ou -analyse, le chamanisme, le vaudou, ce que vous voulez, mais cautérisez vos plaies passées pour ne pas infecter vos relations futures.

*Soyez "bassement" factuels et matérialistes : la personne que vous commencez à aimer, qui est elle réellement ? D'où vient-elle ? Que veut-elle ? Qu'êtes vous prêt à lui donner ? Que peut-elle vous apporter ? Vos désirs, vos plans, vos vies sont elles compatibles ?
Et cessez de divaguer avec "mais l'Amûûûûûûr" on n'est pas dans un roman à l'eau de rose, cf le premier point. Si vos opinions politiques et religieuses diffèrent, si vous habitez à des centaines de km avec des emplois du temps chargés, si vos situations passées ou présentes craignent à fond ("c'est un junkie, mais je l'aiderai à s'en sortir" "elle est mariée, mais ça a l'air de battre de l'aile" "elle est mère célibataire et je ne supporte pas ses chiards... mais l'Amûûûûûr" "il sort de prison pour trafic d'armes, mais bon, j'aime les mecs badass") soyez lucides (oui ça fait mal à la pulsion érotique et au bovarysme sentimental, d'être lucide).

*Aimez par, dans et pour la lumière.
Par la lumière : avec discernement, en dissipant chimères et fantasmes. Une projection a besoin d'une salle sombre, de même pour projeter une ombre, il faut sous-mettre la source de lumière à un objet. "Yehi 'or" comme dirait Tétragramme : dissipez tout cela, et, par la lumière, voyez l'être aimé pour ce qu'il est, et rien d'autre, et bien plus aimable dans son imperfection que la parfaite illusion.
Dans la lumière : en plein jour, au vu et su de tous. Ce qui a besoin de l'ombre et du secret pour être est mauvais. Ce qui ne peut s'assumer à la face du monde est, littéralement, une honte. Si vous aimez, que ça ne soit pas dans la honte.
Pour la lumière : pour le Bien, pour vous exhausser l'un l'autre, pour progresser ensemble vers ce qui est "digne et juste", pour construire quelque chose de beau, et ajouter au monde un éclat de cette beauté qui, on l'espère, le sauvera.


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